Après l’explosion du port de Beyrouth, causé par des produits contenant du nitrate d’ammonium, qui a fait plus de 100 morts et des milliers de blessés nous apprenions que des engrais contenant du nitrate d’ammonium étaient stockés dans la coopérative agricole Valfrance de St Mard.
Dans quelles conditions sont stockés ces engrais ?
Nous n’en savons rien.
Ce que nous savons
c’est que la dernière inspection de la préfecture a été réalisée il y a plus de 2 ans
et que l’étude de danger date de plus de 14 ans .
14 ans pendant lesquels le maire Daniel Dometz a modifié son Plan Local d’Urbanisme pour permettre l’implantation à proximité d’une importante ZAC de la Fontaine du Berger comprenant des grandes surfaces de distribution de milliers de m2 et des mégas entrepôts logistiques.
Concernant les entrepôts logistiques ce sont les préfets qui ont donné l’autorisation d’exploiter ces entrepôts, il y a peu de temps encore, l’un d’eux était classé SEVESO.
Des entrepôts qui stockent pour certains, des produits dangereux, des matières et produits combustibles tels que bois, papier, carton, pneumatiques, liquides inflammables, aérosols.
Sans oublier la proximité de la gare SNCF et de ces 2 lignes à très haute tension de 400 000 volts qui bordent ces entrepôts et les silos de la coopérative agricole Valfrance.
Extrait de l'article paru sur France Inter :
Nitrate d’ammonium : en France, un risque explosif
par Benoît Collombat, Cellule investigation de Radio France publié le 29 janvier 2021 à 6h03
Six mois après l’explosion de Beyrouth, notre enquête montre que la France n’est toujours pas à l’abri. La règlementation n’impose pas de déclaration aux sites qui stockent moins de 250 tonnes d’engrais au nitrate d’ammonium, et les contrôles sont encore insuffisants. L’explosion de Beyrouth pourrait-elle se produire en France ? © Radio France / Nicolas Dewit
Le 4 août 2020, l’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium dévastait le port de Beyrouth, faisant plus de 200 morts et 6 500 blessés. Six mois après, la cellule investigation de Radio France a voulu savoir si une telle catastrophe serait possible en France. Notre pays est en effet le premier consommateur de nitrate d’ammonium agricole (ammonitrate) en Europe, et le deuxième dans le monde. Or la législation a encore des failles, et les contrôles ne sont pas systématiques.
Des "bombes agricoles" en puissance
Dans une note publiée après la catastrophe de Beyrouth, le ministère de l’agriculture indique que "le nitrate d’ammonium, même très concentré, n’est pas considéré comme un 'explosif ' mais seulement comme un explosif occasionnel (…) par exemple quand l’engrais est contaminé par des matières incompatibles."
"Il suffit d’une montée en température due à un incendie combinée à 0,2 % de matière organique, comme un simple copeau de bois, pour arriver à une situation explosive", estime cependant Paul Poulain. Il regrette que les autorités n’appliquent pas de manière drastique la règlementation en matière de sécurité incendie. "On préfère prendre des risques plutôt que d’équiper ces installations de systèmes de détection incendie, ce qui renchérirait le coût de l’agriculture en France", ajoute-t-il.
"Il y a énormément de départ de feu dans les exploitations agricoles, s’inquiète un expert en risque incendie, Ronan Nicolas, du bureau d’étude Atossa. Cela peut provenir d’une fermentation des balles de foin ou d’installations électriques vétustes. Les agriculteurs stockent aussi beaucoup de combustibles : s’il se retrouve associé à du nitrate d’ammonium, tous les ingrédients d’une véritable bombe agricole sont alors réunis !" .....
Gros point noir : les inspections
La faiblesse des inspections pose aussi question. "En 2019, seuls 9 000 sites ont été inspectés sur les 500 000 installations classées pour la protection de l’environnement [ICPE], regrette Paul Poulain, qui a lancé un collectif citoyen baptisé Notre maison brûle après la catastrophe de Lubrizol, à Rouen. Pour inspecter les différents sites au moins une fois tous les cinq ans, nous aurions besoin de 9 000 inspecteurs. Or, ils ne sont que 1 600 aujourd’hui."
De plus en plus de voix s’élèvent également pour réduire la consommation d’ammonitrates, donc changer de modèle agricole. "Cela fait 50 ans que je milite pour l’agriculture biologique qui n’utilise pas d’azote de synthèse, tel que les ammonitrates", témoigne l’ingénieur agronome Claude Aubert qui vient de publier Les apprentis sorciers de l’azote (Editions Terre vivante)….
https://www.franceinter.fr/environnement/nitrate-d-ammonium-en-france-un-risque-explosif