Paru dans le Pays Briard
Un étrange liquide noir découvert par un randonneur à La Ferté-Gaucher
Un randonneur a découvert des écoulements noirâtres sortant du méthaniseur de La Ferté-Gaucher. Élus et associations ont rapidement pris des mesures pour endiguer la pollution.
Pour se protéger des odeurs pestilentielles des jus noirs à la sortie du méthaniseur de La Ferté-Gaucher, Franck Taruffi, Ghislain Moutarde et Stéphane Dubois ont été obligé de se masquer le visage pour ne pas suffoquer. ©Photo fournie au Pays Briard
Par Rédaction CoulommiersPublié le 16 août 2024 à 12h26
« Nous avons été pris par une forte odeur nauséabonde qui provenait du fossé en contrebas du méthaniseur Biogaz, situé sur la commune de La Ferté-Gaucher, précise Ghislain Moutarde. Il y avait des traces noires dans le fossé à Jouy-sur-Morin : ça s’est déversé jusque dans le Grand Morin. » Après son étrange et alarmante découverte début juillet, le randonneur originaire de Jouy-sur-Morin a directement alerté les élus du coin, qui ont pris des mesures immédiates.
Consternation et réactions rapides
« Logiquement, ces écoulements sont renvoyés dans des bacs afin d’être recyclés », affirme Franck Taruffi, du collectif du Châtelot, qui s’attendait alors à ce que la Direction régionale interdépartementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DRIEETS) intervienne pour stopper la pollution. Stéphane Dubois, le président du collectif Environnement Champenois en Péril (ECEP51) est hors de lui lorsqu’il constate que les écoulements « durent depuis un certain temps à la vue des traces en hauteur laissées dans le fossé. » Arrivés sur place le 16 juillet, soit deux jours après la découverte par le randonneur, les deux hommes ont été obligés de s’équiper de masques pour éviter de suffoquer tant l’odeur était insoutenable.
Ce qu’ils aperçoivent alors les interpelle violemment : au sortir d’un bac de décantation du méthaniseur, deux flux différents déversent dans le fossé un liquide noirâtre très odorant à un débit cumulé estimé à environ 2 litres par seconde. Les bords du fossé sont maculés de cette même substance sur une hauteur d’approximativement 50 centimètres, un indice permettant de suggérer des débits anciens beaucoup plus importants. Au fond du fossé, des centaines d’asticots se tortillent, comme englués dans le dépôt. Puis le fossé prend la direction du territoire de Jouy-sur-Morin au niveau du hameau de Laval-en-Haut.
Prévenue, la DRIEETS a mobilisé des inspecteurs : un arrêté préfectoral du 19 juillet a exigé à l’exploitant la fin des déversements et la remise en état du fossé. Dans un délai de sept jours à compter de la date de l’arrêté, l’entreprise a dû effectuer le nettoyage et l’entretien des bassins, sous peine de se voir infliger des sanctions financières prévues par le code de l’environnement si les actions demandées n’étaient pas réalisées.
De son côté, la police municipale de La Ferté-Gaucher, par l’intermédiaire de sa brigade verte, est venue sur place et a rédigé un rapport. « Plus tôt dans l’année, j’avais été informé de désagréments provenant de ce méthaniseur, et j’avais prévenu la police de l’eau », assure Michael Rousseau, le maire de Jouy-sur-Morin.
Dans le fossé en sortie du méthaniseur, des centaines d’asticots grouillent dans les matières organiques déposées. ©Photo fournie au Pays Briard
Une pollution persistante
Depuis, la partie du fossé situé sur l’emprise de la commune de La Ferté-Gaucher a bien été curée et les écoulements en provenance du méthaniseur sont devenus clairs et inodores, ce qui démontre que l’entreprise a bien effectué les travaux demandés. Pour autant, la partie de l’écoulement située sur la commune de Jouy-sur-Morin a longtemps porté les traces des matières organiques déversées. L’arrêté préfectoral n’a imposé aucun nettoyage de cette partie du parcours, qui est pourtant la plus longue et qui finit par se déverser dans le Grand Morin.
Les pluies diluviennes du jeudi 1er août ont été évacués par le fossé, ce qui a fini par nettoyer toute trace de pollution persistante, y compris dans le ru de la Michée. Tout ce qui restait de la pollution a été déversé dans le Grand Morin où cela a été dilué alors que la rivière était en cru.
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