Paru sur le site Claye-Souilly Découverte :
http://claye-souilly-decouverte.over-blog.com/2023/03/histoire-rattachement-de-souilly-a-claye.html
C’est en 1833 que le Conseil Municipal de la commune de Claye décide d’engager une procédure pour annexer Souilly.
La lutte dura 15 ans et Souilly se soumettra, mais les anciens n’ont jamais oubliés et aujourd’hui encore ils revendiquent leur appartenance à « Souilly ».
Lors de la séance du 16 mai 1836 François Eugène Dumont, Maire de Claye propose la réunion de Souilly à Claye pour les raisons suivantes :
- trois propriétaires se partagent la majorité du territoire de Souilly : Denis François Hédouin, maître-poste à Claye et conseiller municipal et Messieurs Tartier et Leduc, cultivateurs demeurant à Claye. Les chemins conduisant à Souilly sont en mauvais état et ne leur permettent pas d’exploiter leurs propriétés dans de bonnes conditions.
- l’instruction est précaire à Souilly car les instituteurs ne s’y fixent pas.
- beaucoup d’ouvriers quittent Claye pour Souilly qui n’est pas passible de logement militaire.
Les vraies raisons sont toutes autres :
Denis François Hédouin, maître-poste et conseiller municipal de Claye, domicilié boulevard St Martin à Paris est propriétaire d’une maison de campagne à Souilly dénommée « Le château de Souilly » (actuel clos de la Talandière), construite sur le terrain de la ferme du fief de Nantouillet acquis en 1823 à la famille de Polignac. Il a épousé en seconde noces Adeline Hélène Brunot de Rouvre issue d’une famille de militaires de haut rang. Notable de Claye il n’a pourtant aucune influence sur le conseil municipal de Souilly.
Messieurs Tartier et Leduc ont des intérêts communs. En effet Constant Leduc a épousé le 19.9.1834 Françoise Eulalie Tartier. Notables de Claye, ils n’ont aucun pouvoir sur les élus de Souilly.
L’instruction est une fausse raison. Parmi les derniers instituteurs, François Plocque est resté 37 ans de 1794 à 1831.
Le maire François Eugène Dumont est huissier de profession, son épouse est directrice de la poste aux lettres et son beau-frère qui n’est autre que Jean-Christophe Armand Husson, fonctionnaire de haut rang, deviendra quelques années plus tard Directeur de l’Assistance Publique.
Le conseil municipal de Claye compte beaucoup de notables :
- Michel François Léandre Nonclair, ancien notaire,
- Dominique Esprit Barizet, notaire,
- Jules Botot, gros propriétaire à Claye, conseiller général et conseiller d’arrondissement, fils de Louis Marie Botot qui a été l’éminence grise de Barras.
- Jean Etienne Fleury, major colonel en retraite, chevalier de St Louis, issu d’une famille de militaires.
- Monsieur Japuis, manufacturier.
Ces édiles qui ont des appuis en haut lieu plaident la cause de Claye.
Le Maire de Souilly Monsieur Pitois et le Conseil Municipal s’opposent formellement à ce rattachement. mais que peut faire ce groupe formé principalement de petits cultivateurs contre ces notables ?
Ils ne sont pas de force égale et par la loi du 25/7/1839 promulguée sous le mandat du maire de Claye Botot Jules, l’administration civile de Souilly est rattachée à Claye (sous la monarchie de juillet, règne de Louis-Philippe ler).
Mais bientôt les réclamations commencent. En février 1841, après avoir protesté énergiquement, les habitants demandent la reconstitution de la Garde Nationale spéciale de Souilly. Le conseil municipal donne satisfaction aux réclamants.
La tension entre Claye et Souilly ne fait que s’accentuer et le 5 avril 1848, soit neuf ans après leur réunion, « le Conseil Municipal considérant que la réunion des deux communes n’a produit aucun effet satisfaisant et qu’une mésintelligence réelle existe entre les deux sections et que dans l’intérêt de l’ordre et de la tranquillité publique il y a urgence absolue de distraire la section de Claye de celle de Souilly ».
Le 15 juin 1848 la commission syndicale, composée de cinq membres et nommée par le commissaire général du département, dépose son rapport. Le même jour le conseil municipal émet l’avis qu’il y a lieu de soustraire la section de Souilly de celle de Claye-Souilly. La section de Souilly responsable de la séparation prendra en charge tous frais auxquels donnera lieu cette distraction.
Il ne fut plus question de séparation.
L’école a fermé et son église a été détruite.
190 ans après, Souilly n’a toujours pas d’école, pas de salle de réunions, pas de gymnase
Il ne reste plus à Souilly que son cimetière.