NICOLAS SIVAN | Publié le 23.01.2013, 04h54
Triste record que vient d’établir la Seine-et-Marne. Selon une étude publiée par France Libertés et « 60 Millions de consommateurs », c’est le département de France qui distribue le plus d’eau potable non conforme aux normes en vigueur. Pas moins de 60 communes ne répondent pas aux critères imposés par le ministère de la Santé et bénéficient d’une dérogation.
SUR LE MÊME SUJET
En revanche, plus de la moitié des départements du pays n’en comptent aucune. Les autres en ont entre 1 et 5. « Ce n’est pas si surprenant, estime Jacques Place, sous-directeur chargé de l’eau au conseil général. La structure de notre sol facilite énormément la pénétration des polluants et les agriculteurs pratiquent une exploitation intensive des terres. »
Environ 126000 habitants de Seine-et-Marne n’ont pas accès à une eau de qualité à ce jour. En 2005, c’était plus de 200000. Cette amélioration est due à un plan départemental de l’eau (PDE), qui s’est achevé en 2011. « Nous aurions pu réagir plus rapidement, admet Jacques Place. Mais il y a eu une très forte augmentation de la pollution en quelques années. » En juin 2012, un second PDE a vu le jour. Il devrait permettre à toutes les communes concernées d’entamer des travaux d’ici à 2016 afin de délivrer une eau conforme.
En attendant, les 60 villes concernées bénéficient de ces fameuses dérogations. Elles leur permettent de distribuer une eau polluée en toute légalité pendant neuf années consécutives. « Plusieurs maires ont déposé des demandes de dérogation, alors que le problème était connu depuis longtemps chez eux, tonne Marie-Paule Duflot, vice-présidente de Nature Environnement 77. Les choses auraient dû aller plus vite. » Au terme du délai accordé, les polluants doivent avoir disparu de leur réseau d’eau potable.
Deux solutions existent pour y parvenir. La première consiste à fabriquer des usines de traitement souvent très coûteuses. La seconde, choisie par une large majorité, passe par l’importation. De nombreuses communes de Seine-et-Marne se fournissent directement dans la Seine, même si le fleuve se situe à des dizaines de kilomètres. « Cela ne fait que repousser le problème, estime Marie-Paule Duflot. Cette eau est remplie d’hormones et d’antidépresseurs qui ne rentrent pas dans les critères de notation pour l’instant. Mais des études sont en cours et cela pourrait arriver. »
L’écologiste estime que le département devrait compter sur ses propres ressources. Mais pour cela, il faudrait diminuer les quantités de pesticides et d’engrais utilisés par les agriculteurs de façon drastique. Le conseil général a justement mis en place des directives dans ce sens. Des aires de plusieurs centaines de kilomètres carrés vont être délimitées autour de treize captages d’eau. Les exploitants de ces terres devront se tourner vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Mais il faut agir vite : certaines molécules polluantes mettent des dizaines d’années à disparaître des sols.
Le Parisien