Les carrières de Montlouis sont exploitées par le groupe Lafarge Granulats Ouest, dont le siège est basé à Vern-sur-Seiche.
Il creuse le sous-sol rennais. Le tunnelier du métro de la future ligne 2 a traversé en mai des filons d’antimoine.
Une matière qui se présente sous forme de minerai solide brillant de couleur argentée, classée dangereuse pour l’environnement et pour le milieu aquatique. Pour stocker ces déchets toxiques, la Société d’économie mixte des transports collectifs de l’agglomération rennaise (Semtcar) a choisi les carrières de Montlouis, gérées par le groupe Lafarge, à Janzé.
La raison est financière, mais c’est surtout que le sous-sol du site, situé sur les hauteurs de Janzé, contient déjà de l’antimoine. Ce qu’ont appris récemment exploitants, élus locaux et riverains (réunis sous l’association Avenir des landes). Tout ce petit monde s’est réuni en urgence jeudi 30 juillet à l’initiative du maire de Janzé, Hubert Paris.
On sait désormais que les carrières de Montlouis contiennent de l’anitmoine, entre 8 et 170 milligrammes par kg. Une dose largement supérieure à ce qui a été trouvé à Rennes : 0,33mg/kg. À Martigné-Ferchaud aussi, on a connaissance depuis longtemps de la présence d’antimoine dans les anciennes Mines d’or et dans celles toujours exploitées par le groupe Pigeon. La Semtcar y a pensé, mais a préféré Janzé.
Un arrêté et une dérogation
Stupéfaits, les membres de l’association Avenir des landes n’ont pas digéré le procédé. « La carrière ne devait recevoir que des déchets inertes et non toxiques, affirme Yvette Poirier, la présidente. Un arrêté préfectoral a été délivré début juillet autorisant Lafarge à accepter ces déchets. »
Le dossier est plus complexe selon le maire Hubert Paris : « En 2014, Lafarge était intéressé par le marché du métro. Un nouvel arrêté a été pris pour leur permettre d’accueillir les déblais, mais avec l’obligation de les stocker en fond de carrière (1) ».
La municipalité de Janzé avait à l’époque accepté le deal en échange d’aménagements sur la voirie. Sur l’axe Janzé/Bain-de-Bretagne (D777) et sur la route qui lie Le Pigeon-blanc à Châteaubriant : deux voies historiquement accidentogènes. Lafarge n’a pas remporté le marché (au dépens de la carrière de Mernel, près de Lohéac) et n’a donc pas engagé de travaux conformément à l’arrêté…
« J’ai menacé de refuser les convois »
Le 17 juillet dernier, la préfecture a validé l’envoi des déchets de la Semtcar à Montlouis. Ils sont depuis stockés au sommet de la butte, le fond n’est toujours pas accessible.
Entre 100 et 120 camions bâchés font désormais la navette entre Rennes et Janzé chaque jour. Un trafic qui pourrait durer deux ans et demi. « J’ai menacé de refuser les convois, pestait le maire de Janzé fin juillet. Les aménagements vont se faire en urgence parce qu’on a mis la pression. »
Depuis, heureusement, les choses ont évolué dans le bon sens.
Des revendications écoutées
Suite à un courrier d’Hubert Paris envoyé au Préfet début août, une réunion a été organisée mercredi 12 août.
Etaient autour de la table : André Crocq, vice-président de Rennes Métropole, la secrétaire générale de Rennes Métropole, le directeur général de la Semtcar, trois personnes du groupe Lafarge (dont le responsable de la carrière de Janzé), deux personnes du service des routes du conseil départemental, deux personnes de la Préfecture (installations classées), deux personnes de la Dreal et deux autres de la DDTM. Hubert Paris était accompagné de son adjoint à l’urbanisme, Jean-Pierre Martin.
Plusieurs décisions prises
A l’issue de cette réunion, plusieurs décisions ont été prises, comme l’énumère le maire de Janzé :
« - La Dreal doit faire une note sur les risques antimoine dans les poussières et dans l’eau.
- Le groupe Lafarge doit présenter un montage visuel de l’aménagement de la verse où sont actuellement déchargés les camions.
- Un suivi des camions en sortie de carrière sera fait jusqu’à mi-septembre pour voir si le nettoyage des essieux de camions est suffisant. Sinon, le bâchage des camions vides sera imposé. Le groupe Lafarge s’est engagé à mieux suivre la propreté de la route.
« Limiter à 200 camions par jour »
- Les aménagements provisoires sur la départementale 163 sont terminés. La voie d’accélération devrait être faîte pour fin septembre. Une rencontre entre le groupe Lafarge, le conseil départemental et la commune, pour valider définitivement le tourne à gauche, doit se faire à la rentrée.
- A partir de la rentrée, l’arrivée des camions à la carrière ne se fera pas avant 9 h le matin pour limiter les risques liés à la circulation, notamment sur la D777. Elle sera échelonnée régulièrement sur la journée, jusqu’à 21 h 30 si nécessaire.
- Le groupe Lafarge s’est engagé à limiter le nombre de camions à 200 par jour (activité granulats + activité tunnelier). La semaine passée, alors que l’activité granulats est fermée, il y a eu entre 134 et 241 camions par jour.
- Il est également demandé à Rennes Métropole de trouver une 2e carrière susceptible d’accueillir les déblais du tunnelier. »
Une prochaine rencontre avec les responsables de la carrière, l’association Avenir des Landes, la mairie et la Dreal est programmée début septembre. « Lorsque toutes les parties se retrouvent autour de la table, le dialogue est constructif et abouti à des décisions concrètes », se réjouit Hubert Paris.
(1) La carrière de Montlouis sera exploitée jusqu’en 2039. À l’origine, un grand point d’eau était imaginé à l’issue des fouilles sur 40 ha. En 2014, il a finalement été décidé de remblayer le fond de carrière et de redonner 30 ha à l’agriculture.
Janzé, 35
http://www.lejournaldevitre.fr/18462/environnement-quand-le-metro-expedie-ses-dechets-a-janze/