Extrait de l'article paru sur le site Reporterre :
Pollution de l’eau : ces agriculteurs payés pour réduire les pesticides
Par Lorène Lavocat et Mathieu Génon (photographies)26 septembre 2024 à 09h10Mis à jour le 27 septembre 2024 à 14h04https://reporterre.net/Pollution-de-l-eau-ces-agriculteurs-payes-pour-reduire-les-pesticides
Payer les agriculteurs pour qu’ils utilisent moins de pesticides et d’engrais : en Île-de-France, cette démarche préventive inédite permet de limiter la pollution de l’eau.
Villemer, Seine-et-Marne, reportage
Un monticule surgit au milieu de la prairie scintillante de rosée. L’endroit pourrait être un bunker, perdu au fin fond de la Seine-et-Marne. Mais derrière la lourde porte se trouve un large puits d’eau translucide : la source de Saint-Thomas. Elle fait partie de la centaine de captages alimentant la capitale. Un joyau soigneusement préservé par la régie publique, Eau de Paris.
Autour de la résurgence, une quarantaine d’hectares clôturés sont « complètement protégés, sans aucune activité humaine », précise Manon Zakeossian, responsable de la protection de la ressource au sein du service municipal. Au-delà de la zone grillagée, Eau de Paris tente aussi de limiter toutes les activités qui pourraient contaminer l’or bleu. Et en premier lieu : les traitements agricoles.
Un « paiement pour services environnementaux »
Un défi de taille dans un territoire couvert de grandes cultures dopées aux engrais et aux pesticides. Pour convaincre même les plus réticents de lever le pied, la régie publique a donc sorti le portefeuille. Depuis 2020, elle déploie un dispositif inédit : le paiement pour services environnementaux. « On a mis en place un cahier des charges qui impose une réduction des produits phytosanitaires et incite à des changements de pratiques, détaille Manon Zakeossian. En échange, on rémunère les agriculteurs pour leurs efforts, à hauteur de 220 euros l’hectare. »
Eau de Paris tente de limiter toutes les activités qui pourraient contaminer l’eau. En premier lieu : les activités agricoles.
Une somme rondelette, qui a permis à David Tourte de sauter le pas. Le trentenaire exploite 130 hectares à Nanteau-sur-Lunain, non loin des sources de Villemer. Des céréales, des prairies, quelques arbres fruitiers et des animaux — vaches Aubrac aux yeux soulignés de noir et brebis Texel à la toison dense. « Grâce au soutien d’Eau de Paris, je réduis les phytos et je maintiens les prairies naturelles », explique-t-il. Pas du bio, mais du « raisonné », et de l’agriculture de conservation des sols. L’éleveur s’est engagé à réduire de près de 20 % la quantité de pesticides utilisés, contre une aide de 26 400 euros par an.
Comme lui, ils sont une centaine d’exploitants impliqués dans ce dispositif, dans toutes les aires d’alimentation des captages. « Nous avons des sources en Île-de-France mais aussi dans l’Yonne, l’Aube, l’Eure-et-Loire », liste Manon Zakeossian. Avec des effets déjà visibles sur la ressource, assure l’ingénieure : « Dans la vallée de la Vanne, en Bourgogne, on a désormais 30 % d’agriculteurs en bio, et les pics de pesticides sont moitié moins importants », constate-t-elle, enthousiaste…….
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