Paru sur le site du Parisien Seine et Marne :
Les riverains des aéroports savourent le silence
Le nuage de cendres venu d’Islande ne fait pas que des malheureux.Qu’ils habitent près de Roissy ou d’Orly, les habitants savourent une paix inhabituelle... qu’ils savent éphémère.
Faustine Léo avec Laure Parny | 19.04.2010, 07h00
Un ciel bleu et pur, des aéroports fantômes. Un cauchemar pour ceux qui doivent s’envoler en vacances. Un rêve pour les riverains des plates-formes de Roissy et d’Orly, qui savourent depuis trois jours cet inconnu : le silence. Un silence ponctué par le chant des oiseaux. « On prend énormément de plaisir, sourient Gilles et Chantal, en plein jardinage à Compans, au bout des pistes de Roissy.
On se sent à la campagne pour de vrai. » Plus loin, la partie de boules d’Eddy et ses copains prend un tour nouveau. « On n’est pas obligés de s’arrêter de parler quand un avion passe, apprécie-t-il. Il y a aussi moins de pollution. » « C’est vraiment calme, confirme Claudia, 37 ans, une habitante de Villeneuve-sous-Dammartin. Pour une fois, on entend notre propre bruit! Le bruit de la tondeuse n’est plus couvert par celui des avions. »
Alors que le crépitement des saucisses lors des barbecues du samedi soir ne s’est pour une fois pas mêlé aux rugissements des réacteurs, tous profitent du répit de ces quelques jours pour ouvrir les fenêtres ou tout simplement se promener. « Je suis allé faire du vélo dans la forêt de Montgé. Quel silence complet! Aucun bruit de fond! Et le ciel est entièrement dégagé sans traînée blanche », se réjouit Didier Chevalier, le président de l’Association de défense de l’environnement et de la qualité de vie dans le nord Seine-et-Marne (Adev).
Cerise sur le gâteau, le sommeil retrouvé. Un luxe pour Annie-Claude Culeddu, qui vit à Saint-Mard sous une véritable autoroute aérienne : « J’ai dormi d’une traite, sans être réveillée, soupire-t-elle de bonheur. J’entends les enfants jouer dans les autres jardins, je me sens moins stressée aussi. Même après le 11 Septembre ou en cas de grève, on n’avait jamais connu ça. » Certains habitués des nuisances ne remarquent pas la différence : « Avec le triple vitrage, on n’entend rien. »
Ce soulagement général se retrouve aux abords d’Orly. A Lésigny, Geneviève Roy entend passer jusqu’à un avion par minute. Elle a pu vivre un week-end ensoleillé « avec les fenêtres ouvertes » et « sans souffrir du bruit ou devoir mettre la télé à fond pour pouvoir l’entendre. J’ai aussi vraiment profité de mon jardin. » Elle se prend même à rêver d’un monde sans avion : « J’ai si bien dormi, sans être réveillée le matin par les moteurs du décollage… »
Mais cette parenthèse enchantée finira par se se refermer. « On aimerait bien que ce calme se poursuive, mais il faut être logique. Economiquement, ce n’est pas possible, admet le président de l’Adev. J’ai des amis qui travaillent au fret, ils ne savent plus où entreposer la marchandise car les camions continuent de livrer. D’autres, dans l’informatique, n’ont plus d’activité. »
Le Parisien
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