La rubrique d’Alain :
Claye-Souilly : Isabelle Godard, une agricultrice bio
Pendant que l'on marche sur la tête dans le domaine agricole et que l'on est amené à
créer un numéro national d'appel pour la prévention des suicides, dédié
spécifiquement aux professionnels, une certaine agriculture locale, archaïque pour
certains et à la pointe de la modernité pour ceux qui la pratiquent, se bat pour exister malgré l'artificialisation des terres dans les zones péri-urbaines :
A Claye Souilly, Isabelle Godard, en se lançant dans la reprise de terres familiales pour s'installer en production maraîchère biologique, a voulu proposer un choix qui devrait se présenter comme une évidence: se fournir et fournir localement.
Suite au départ en retraite de son père, elle a donc repris une partie de l'exploitation pour concrétiser son projet qui comporte plusieurs volets: maraîchage, élevage de volailles et également une part de grande culture.
L'entrée de l'exploitation côté serre
La ferme vise à être en relative autonomie en polyculture et élevage où les plantes nourrissent les animaux et vice versa (Autonomie vers laquelle on peut avec un trait d'humour noir penser que notre communauté la pousse quand on considère que la ferme n'est raccordée au secteur électrique que par un transformateur loué, que l'eau provient d'un puits et que la voie d'accès communale est complètement délabrée….)
L'exploitation est en bio et produit des légumes variés. Pour avoir des plantes saines, un maximum de diversité est nécessaire, d'où l'implantation d'arbres et d'une mare. Ceci est bien sûr un travail de longue haleine et il ne faudra pas moins d'une dizaine d'années pour retrouver un système écologique équilibré.
Avec ce genre d'exploitation (20 ha) on est vraiment dans le développement d'un tissu local, que cela soit la production, les consommateurs (60 familles) ou même les emplois (4 prévus à partir de la cinquième année), dans tous les domaines on est loin de la tendance de l'agro-business où on tourne à environ 1 emploi pour 120 ha en exploitation céréalière.
Ramassage des patates
Il faut beaucoup de courage et de persévérance aux paysans qui s'embarquent dans de telles aventures car on ne peut pas dire que l'organisation actuelle de notre société leur facilite la tâche avec toutes les vagues de standardisation, la suppression des petites structures (par ex les abattoirs, les laiteries…) et le lobbying forcené des géants de l'agroalimentaire et de la chimie. Cette agriculture paysanne a pour ambition de redonner aux agriculteurs leur rôle social, écologique et économique.
Le soutien des AMAP est pour Isabelle d'une grande importance et à ce sujet on se doit de constater que contrairement à une idée très répandue les amapiens sont loin d'être des "bobos" et qu'ils sont plutôt des gens curieux et des citoyens actifs (comme une enquête de l'Ademe a pu le montrer http://ademe.typepad.fr/presse/2013/04/une-enquete-inedite-sur-la-consommation-collaborative-.html ) .
On peut penser que l'avenir de notre agriculture et à terme de notre santé est entre nos mains (j'aimerais pouvoir penser que nos collectivités territoriales nous y aideront..). Le consommateur peut décider de sa façon de s'alimenter et du respect de l'environnement par ceux qui prétendent nous nourrir ….