Article paru sur le site : « Le Bar des Sciences »
l’article que vous ne lirez jamais
Par Fabien Goubet, le 6 novembre 2009
Opinion. Chers amis du Bar des sciences, ça vous intéresserait un article sur tout ce qui s’est dit lors du 3ème colloque international sur le captage et stockage du CO2? Les dernières avancées techniques? Les questions sociétales? Les aspects juridiques? Oubliez tout cela, puisque les fonds du Bar seront amplement insuffisants : il faut débourser 800 euros pour y participer. Un colloque international sur ce genre de sujet, ce n’est pas tous les jours qu’on peut y assister. Organisé par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), l‘Institut français du pétrole (IFP), et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), il regroupe tous les principaux acteurs de la scène internationale de la séquestration géologique du dioxyde de carbone : politiques, industriels, scientifiques…
Le programme était alléchant : défis technologiques à relever, financements, aspects sociétaux, projets en cours… En tout ce sont plus d’une vingtaine d’intervenants qui sont venus exposer leurs idées à la Cité des sciences et de l’industrie, à Paris, les 5 et 6 novembre 2009.
Hélas, lorsqu’on nous annonça le montant du tarif d’entrée, 800 euros, la fête fut quelque peu gâchée, avant même de commencer. Pourquoi un prix aussi élevé? Certainement pas pour payer les repas, subventionnés par des poids lourds de l’industrie comme Total ou Schlumberger. Serait-ce un tarif dissuasif afin d’éviter d’avoir trop de questions embarrassantes auxquelles répondre? A ce tarif, peu de rédactions ont du envoyer des journalistes sur place… Nous ne conclurons pas hâtivement sur cette question, bien que la tentation soit grande.
Alors, de manière aigrie, nous nous demanderons si après tout, ce colloque, sponsorisé par Veolia, Alstom, GDF-Suez, Total, et autres entreprises notoirement bienfaitrices de l’humanité, fut vraiment un espace de débat et d’information, ou une vitrine des dernières percées de ces groupes industriels? Y a-t-il eu des gens dans la salle pour s’intéresser aux aspects éthiques, juridiques soulevés par cette technique? Par exemple, pourquoi enterrer ce gaz au lieu d’inciter les industries à en produire moins? Y a-t-il eu un débat lors des tables rondes ou était-ce une banale séance de cirage de pompes, et de félicitations mutuelles? Nous ne le saurons jamais, car visiblement, le grand public ne sera mis au courant de tout cela que lorsque tout sera inauguré, et que nous dormirons sous des poches immenses de CO2. C’est bien dommage
http://www.lebardessciences.com/2009/11/colloque-international-captage-stockage-co2/