Volia Claye-Souilly 2008
Paru dans la revue Anses • Bulletin de veille scientifique n° 20 • Santé /
Environnement / Travail • Mars 2013 :
Article 2
Détermination des critères à prendre en compte dans l’évaluation des risques liés aux installations de stockage de déchets
Milieux
4Application d’une méthode de bilan massique des contaminants à uneancienne décharge pour évaluer l’impact sur les ressources en eau
Thomsen NI, Milosevic N, Bjerg PL. Application of a contaminantmass balance method at an old landfill to assess the impact on waterresources. Waste Manag 2012;32:2406-17.
Résumé
Les sites anciens de stockage des déchets posent d’importants problèmes environnementaux, notamment en ce qui concernel’impact sur la ressource en eau. L’étude présentée ici s’intéresse aux transferts de différents contaminants issus d’uneanciennedécharge en couplant des données historiques et d’autres plus actuelles obtenues en 2009. Le site étudié est l’anciennedécharge Risby située au Danemark, sans membraneni recueil des lixiviats.
Cette décharge fermée en 1985 a accueilli pendant plus de 25 ans des déchets pour un volume total de plus de 500 000 m3. Située sur uneépaisse couche d’argile, elle est depuis sous surveillance au moyen d’un réseau de piézomètres. L’estimation des bilans dans cette étude repose sur un suivi durant la période 1986- 2009 des eaux recueillies dans les 2 couches géologiques sous jacentes (argile et aquifère calcaire) et s’infiltrant dans le cours d’eau voisin. 3 paramètres ont été particulièrement suivis : les concentrations en chlorures, COD (3) et ammonium (4). Des bilans de masse annuels ont été calculés afin d’estimer les flux de polluants produits et transférés vers les eaux de surface et la nappe. Les résultats obtenus mettent en évidence uneperte de 3 658 kg de chlorure par an ce qui pourrait s’expliquer par une forte diminution des teneurs en cet élément dans les lixiviats (5) de décharge entre 1990 et 2010 (respectivement 1 000 et 200 mgL-1), mais surtout par un très fort départ de ces chlorures vers les eaux de surface (plus de 15 tonnes par an). Concernant le COD, le bilan est positif avec un gain de 200 kg par an, ce qui est unindicateur d’unedégradation toujours présente au sein de la décharge, et donc d’uneactivité de celle-ci. La contribution de la décharge en COD est en effet de 1 070 kg an-1, soit le double des quantités apportées par les eaux de surface en amont du site.
En ce qui concernele troisième critère, les ions ammonium, le bilan massique global est très déficitaire avec uneperte de 297 kg an-1. Pour cet élément, la contribution de l’anciennedécharge est extrêmement faible avec seulement 48 kg an-1, soit moins que l’apport des eaux de surface.
Commentaire
En s’intéressant à l’hydrochimie à la fois de surface mais également de la nappe sous-jacente, cette étude permet d’avoirunevision très claire et bien intégrée de la problématique de lacontamination des eaux par uneanciennedécharge en s’appuyant notamment sur les directives européennes de protection de l’eau.
Le nombre de point de contrôle est suffisamment important (5 piézomètres au droit du site, 5 en grande périphérie et 9 en bordure aval, ainsi qu’un système d’échantillonnage des eaux s’infiltrant des berges vers le cours d’eau) pour avoir unebonnereprésentativité des données obtenues. Unedes critiques qui pourrait être faite concernel’absence de réel point de référence En effet, seul un point (S13) est réellement en amont du site au regard des isopièzes (6). Or, peu d’informations sont disponibles concernant ce forage, notamment sa profondeur. En outre,il apparaît que les concentrations en métaux dans ce forage sont relativement importantes et supérieures à la partie avale notamment pour les sulfates. Un ou deux autres points de référence auraient peut être permis de voir s’il s’agissait là d’un simple artefact ou d’une contamination autre.