Veolia Claye-Souilly 2008
Paru dans la revue Anses • Bulletin de veille scientifique n° 20 • Santé /
Environnement / Travail • Mars 2013 :
Article 1
Détermination des critères à prendre en
compte dans l’évaluation des risques liés
aux installations de stockage de déchets
Période : septembre 2012 à novembre 2012
Arnaud GAUTHIER
Université Lille 1 – Laboratoire Génie-Civil et géoEnvironnement – Villeneuve d’Ascq – France
Mots clés : décharge, évaluation des risques, polluants organiques, transfert des eaux
L’exploitation des installations de stockage des déchets est fréquemment la cause de désordres environnementaux (1,2). Si ceux-ci sont atténués grâce à la mise en place d’uneréglementation efficace, on peut se poser la question du devenir de tels sites unefois leur activité terminée. Ainsi en France, hormis les déchets inertes, seuls déchets encore admis en ISD (1) au regard de la loi du 13 juillet 1992, aucun autre déchet nepeut être enfoui du fait notamment de son caractère évolutif (décomposition, fermentation). Cependant, dans le monde, de nombreux pays gèrent encore leurs déchets par le biais d’un enfouissement (3-5). Pour l’ensemble de ces pays, il est donc extrêmement important de comprendre l’évolution des installations de stockage, et notamment après leur fermeture afin de pouvoir
anticiper la nature des rejets éventuels ainsi que la durée de ceux-ci. En effet, les volumes de déchets accumulés sont le plus souvent très importants (plusieurs milliers de m3) avec en outre, unegrande hétérogénéité dans leurs compositions. Nous pourrons alors assister à des évolutions extrêmement variables surtout si l’on prend en compte le facteur climatique (température, précipitations…) qui peut lui aussi jouer sur le devenir de ces sites. Les articles étudiés ci-après permettent d’aborder ces questions en s’intéressant à la fois à des sites anciens (plus de 20 ans après leur fermeture), mais également à des sites encore en exploitation afin de voir les pratiques à mettre en place avant leur recouvrement.
Une nouvelle méthode pour l’évaluation environnementale de décharges de déchets
solides urbains
Ghanbari F, Amin Sharee F, Monavari M, Zaredar N. _A new method for environmental site assessment of urban solid waste landfills.Environ Monit Assess 2012;184:1221-30.
Résumé
L’article étudié ici s’intéresse à la mise en place de nouvelles méthodes pour évaluer l’impact environnemental de décharges urbaines. Deux sites sont ainsi étudiés, situés tous deux en Iran. Le premier, Rasht située en zonehumide (avec des précipitations annuelles de 1 359 mm) et le second Andisheh dans un contexte aride (précipitation de 127 mm par an). Pour chacun de ces sites, 53 paramètres ont été évalués selon la méthode Monavari95-2 (2) (7). Ces paramètres prennent en compte des critères physiques (principalement en termes de distance par rapport
à des zones sensibles, plus quelques critères relatifs au sol,à l’eau et au vent), environnementaux et de santé (type de
déchets, pollution induite…) mais également les capacités de la décharge et les contraintes liées au site. Unenote allant de -4 à +4 est ainsi affectée à chacun de ces paramètres afin d’obtenir unenote finale. Celle-ci permet de classer la décharge sur uneéchelle d’acceptabilité. l apparaît ainsi que d ’unemanière générale la décharge d’Andisheh située en zonearide obtient de meilleures scores que celle en zonehumide. Si cette différence est relativement faible pour les paramètres généraux (avec respectivement -3 et 7), elle apparaît plus nettement en ce qui concerneles contraintes liées à l’environnement et à la santé avec un total de -32 pour Rasht et 47 pour Andisheh. A la lumière de ces critères, il apparaît que la décharge de Rasht serait classée comme inacceptable (avec unenote globale de -8) et qu’uneintervention urgente serait nécessaire concernant sa remise en état. Le site d’Andisheh quant à lui obtiendrait un avis positif (la somme des paramètres étant de 99) même si des aménagements notamment environnementaux s’avéreraient nécessaires.
Commentaire
Le travail présenté dans cet article apporte un nouvel éclairage sur l’évaluation que l’on peut faire d’uneinstallation de stockage de déchets. Il essaye en effet d’avoir une vue globale en prenant en compte un grand nombre de critères parfois négligés ou oubliés dans d’autres études. La méthode s’apparente aux outils de hiérarchisation multicritères, mais en innovant par le grand nombre de critères pris en compte. Cependant, même si le nombre de paramètres est important, un biais peut exister quant à la non-pondération de ceux-ci. Il est en effet dommage de ne pas avoir hiérarchisé ces différents critères. On peut en effet s’interroger sur la pertinence d’apporter la même importance à la pollution de l’air environnant ou à la présence d’uneroute à proximité par exemple. D’autre part, seuls deux sites ont été pris en compte lors de cette étude. Sans doute est-ce trop faible pour pouvoir valider une telle méthode.
http://www.anses.fr/fr/documents/BVS-mg-020.pdf