Groupe St Gobain
Publié le 09.11.2009
Grande émotion samedi à Dammarie-les-Lys pour l'inauguration d'une stèle en hommage aux employés de la société Everite, victimes de l'amiante. Depuis 1996, l'amicale des anciens d'Everite et l'Association régionale pour la défense des victimes de l'amiante se battent pour faire reconnaître les torts de cette entreprise, filiale de Saint-Gobain. La manipulation de l'amiante, nécessaire à la fabrication de plaques de fibrociment, a provoqué des maladies graves touchant notamment les poumons.
Des centaines de cas ont été recensés. L'usine, située en bord de Seine, a fonctionné entre 1917 et 1994.
« Le scandale, c'est que personne ne nous avait prévenus »
Samedi, beaucoup d'anciens employés ont pleuré devant la stèle où l'on pouvait lire: « Nous avons travaillé pour gagner notre vie, pas pour la perdre. » Bernard Rouget, 79 ans, qui a passé trente ans à Everite, a souffert de l'amiante. « En 2002, on m'a découvert une tumeur due aux fibres d'amiante. On a dû m'enlever un poumon. Moi qui jouais du clairon au sein de la batterie-fanfare de Sénart, j'ai dû abandonner. Le scandale, c'est que personne ne nous avait prévenus que c'était vraiment dangereux de travailler dans cette usine. Dans mon malheur, j'ai eu de la chance de m'en sortir. Mais sur 1000 personnes qui bossaient dans les années 1950 à Dammarie, combien sont mortes? On ne le sait même pas. » Marcel Gorge-Bernard, président de l'amicale des anciens d'Everite, parle de « plus d'une centaine ».
Elsa Colladon, veuve d'un employé d'Everite, et Jean Consigni, qui a travaillé quarante ans dans l'entreprise, ont dévoilé la stèle. « Cette stèle, c'est une reconnaissance. Mais ce n'est pas cela qui ramènera les morts », soupire Elsa. Madeleine Savarys, présidente de l'Association régionale pour la défense des victimes, explique que le combat de l'amiante n'est pas terminé. « Après que le tribunal des affaires sanitaires et sociales a permis de verser des indemnités à plus de 300 salariés, nous accumulons les plaintes au pénal, pour faute inexcusable de l'employeur. Nous espérons que ce dossier, instruit par la juge Bertella-Geoffroy, aboutira dans un an, avec une vraie reconnaissance de cette maladie professionnelle. »
Le Parisien