Décharge LGD Villeroy
Patrick Bueno comparaissait hier, en appel, pour avoir laissé s’accumuler un tas d’ordures de 25 m de haut à Limeil. Reconnu coupable, il n’écope que d’amendes avec sursis.
AGNÈS VIVES | Publié le 19.09.2012, 12h29
Incroyable. L’histoire de la montagne de déchets à Limeil-Brévannes se termine comme elle a commencé. Hier, le gérant du site LGD Développement, accusé d’avoir laissé s’accumuler 150000 m3 de déchets en tout genre, a été reconnu coupable par la cour d’appel de Paris d’avoir exploité illégalement le centre de tri ouvert en 2001.
Mais cette condamnation s’accompagne d’une peine très allégée par rapport à celle prononcée en première instance. Patrick Bueno est condamné à deux contraventions avec sursis : la première de 10000 €, la seconde de 1000 €. Le joueur de poker échappe ainsi aux dix-huit mois de prison avec sursis et à la remise en état du site, ordonnés par le tribunal de Créteil. « C’est une très belle victoire, se félicite son avocat, Me Iacovelli. La présidente a tenu compte du sérieux litige entre la ville de Limeil et la préfecture (NDLR : la ville réclamait depuis des années à la préfecture la fermeture du site) et elle a préféré modérer la peine. » Ruiné, Patrick Bueno se dit « satisfait », selon son défenseur, et celui-ci va « maintenant » pouvoir « se relancer professionnellement, mais pas dans le même domaine ». Un happy end qui révulse la ville de Limeil-Brévannes. Partie civile dans l’affaire, elle n’obtient que 1 €, au titre du préjudice d’image. « C’est lamentable, s’emporte le maire (Parti de gauche), Joseph Rossignol. Cette décision de justice pose problème. Quand une entreprise dépose sauvagement ses déchets au bord de la route, elle doit payer entre 4000 € et 6000 €. Le gérant de LGD ne paiera même pas cette somme. Demain, il peut recommencer. »
Les riverains de la montagne de déchets sont tout aussi scandalisés. Eux qui ont dû subir pendant des mois les nuisances de ce tas d’ordures, surtout durant l’été 2011, lorsqu’il s’embrasait pendant des jours. « L’injustice est flagrante », enrage Jean-Claude Peter, président de l’Association de défense des riverains pour l’environnement de la rue Albert-Garry, l’Adrerg, déboutée dans cette affaire.
Ne s’avouant pas vaincu, Limeil-Brévannes étudie quelle procédure mener pour « obtenir justice ». Quant à la ville de Valenton, elle aussi partie civile, elle s’interroge : « L’Etat va-t-il envoyer la facture à Patrick Bueno? » En septembre 2011, Nathalie Kosciusko-Morizet, alors ministre de l’Environnement (UMP), avait dénoncé un « scandale environnemental ». L’Etat a ainsi déboursé entre 14 M€ et 20 M€ pour évacuer le tas d’ordures de 25 m de haut. Et les autorités comptaient se rembourser grâce à la condamnation du gérant et en poursuivant les clients de LGD. Contacté hier, le préfet du Val-de-Marne n’était pas en mesure de répondre.
Le Parisien