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Newsletter de l’Appel de Paris n° 32
ANTILLES FRANÇAISES : RETOUR SUR UN SCANDALE PERSISTANT
En référence à une publication scientifique récente relatant les résultats de l’étude Karuprostate en Guadeloupe, le 22 juin 2010, dans un article de presse intitulé « Aux Antilles, le scandale sanitaire du chlordécone », le journal Le Monde indiquait que « la France n’en a pas fini avec les scandales de sécurité sanitairei ». Ainsi était-il enfin reconnu que le pesticide chlordécone, utilisé sans restriction de 1973 à 1993 en Martinique et en Guadeloupe, avait non seulement entraîné « durablement une pollution des sols et une exposition d’une partie de la population » mais y était aussi, au moins pour partie, à l’origine des cancers de la prostate. Les résultats de cette étude sont en plein accord avec ce qu’avait dénoncé dès 2007 le Pr. Belpomme et confirment donc ce que depuis Hippocrate tout médecin sait : on ne peut vivre en bonne santé dans un environnement pollué.
On se souvient de la polémique d’alors et des critiques formulées à l’encontre du « rapport Belpomme ». Aujourd’hui, à quelques exceptions près, le silence de la grande presse à l’égard de ce rapport, alors que ce dernier a tout déclenché, - y compris l’actuel « plan chlordécone » du gouvernement et son financement à hauteur de 35 millions d’euros-, amène à se poser plusieurs questions.
Un tel silence traduirait-il la complicité sous-jacente de certains médias avec les lobbies, ou une collusion avec le pouvoir politique, lequel a tout intérêt à discréditer le Pr. Belpomme étant donné la perspective d’une affaire beaucoup plus grave que celle du sang contaminé ? Ou encore une telle omission ne serait-elle pas liée à l’idée selon laquelle en dénonçant un tel scandale, l’auteur du rapport de 2007 se serait isolé de la communauté médico-scientifique française ? Alors qu’en matière de compétition internationale, cette même communauté se situe au treizième rang mondial, en raison du faible nombre et de la qualité médiocre de ses publications scientifiques et que dans le rapport du conseil scientifique du « plan chlordécone » - un document établi sous l’égide de l’ancien directeur général de la santé, William Dabv -, il est admis que sans le « rapport Belpomme », l’affaire n’aurait pu éclater au grand jour. Et cela alors que le Pr. Belpomme est l’un des cancérologues les plus reconnus au plan international et qu’analysant les données épidémiologiques descriptives
disponibles, les travaux de recherche de l’ARTAC, aboutissent finalement pour la Martinique à des conclusions similaires à celles concernant la Guadeloupe.
Or malheureusement, comme le dénonçait le rapport de 2007, le désastre sanitaire ne s’arrêtera pas aux cancers de la prostate et cela d’autant plus qu’on continue toujours à pulvériser des pesticides dans ces îles aux ressources en eau douce et terres arables limitées. Car les pesticides organochlorés sont à l’origine d’autres cancers – en particulier du sein-, d’hypofécondité, voire de stérilité chez l’adulte jeune, de malformations congénitales chez l’enfant et aussi d’obésité et de diabète de type 2. Autant dire que l’affaire des Antilles françaises est loin d’être terminée.
Au-delà des polémiques, des parti-pris ou des mensonges des uns et des autres, seule l’histoire jugera si l’alerte lancée en 2007 était justifiée ou non, et si l’Appel de Paris, initié en 2004, confirmé en 2006 lors d’un deuxième colloque à l’UNESCO et toujours d’actualité, en raison de l’unanimité scientifique qu’il a crée tant en France qu’à l’étranger, avait ou non sa raison d’être. Car les deux aspects sont intimement liés. L’empoisonnement des Antilles françaises par les pesticides n’est en effet qu’un exemple parmi d’autres renforçant la nécessité de l’Appel de Paris, sa valeur scientifique et heuristique au plan sanitaire et la gravité de son énoncé au plan sociétal.
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