Éditorial de la Lettre d’info de Yonne Lautre : Soutenir le mouvement des agriculteurs, mais pour quelle agriculture ?
Le 17 avril, ce sera la journée internationale des luttes paysannes.
Il est vrai que la crise agricole occupe une partie de l’espace médiatique ces derniers temps. Mais de quelles luttes parlons nous ?
Il semblerait, d’après les sondages, que 9 français sur 10 soutiennent le mouvement des agriculteurs. Quoi de plus normal puisqu’à ce qu’il paraît, c’est eux “qui nous nourrissent”. Mais ne sommes nous pas victimes d’une sorte de naïveté quand nous accordons notre soutien sans faille à un mouvement qui n’en est peut-être pas "un", mais “des” mouvements divers qui cachent bien des réalités et des intérêts différents... voire divergents ?
Du coup, des précisions s’imposent et “définir” devient essentiel non seulement pour comprendre, mais aussi pour accorder notre soutien -ou pas- selon les revendications des uns et des autres.
Derrière ce mot “agriculteur”, on trouve le “paysan”, le “petit agriculteur”... celui et celle qui respecte la terre, les animaux, l’environnement qui garantit la pérennité de leur travail et de leur production. La terre n’est pas seulement une ressource mais aussi une alliée.
Mais on trouve aussi “l’exploitant agricole”... qui, comme son nom l’indique, "exploite" la terre, les animaux... Sa priorité est simple : produire, faire du chiffre, intensifier et produire encore.
Son budget est son guide et pour cela, les haies sont des obstacles, le bien-être animal un frein... insecticides, pesticides, herbicides... des outils essentiels... les méga-bassines une assurance de produire, coûte que coûte. “L’agri-business”, “l’agro-industrie” et les fermes usines se portent bien.
Enfin, entre les deux, il y a cet agriculteur qui n’y arrive pas. On lui a appris qu’il fallait investir, travailler avec les meilleurs outils, les tracteurs, moissonneuses-batteuses et tout le tralala. Pour cela, il a investi et doit son âme à sa banque... Il est endetté et, devant l’impossibilité de devenir celui qu’on lui a appris à être, il finit souvent par baisser les bras.
Bref... Si vous faites partie des 9 français sur dix qui soutiennent les agriculteurs, pensez à réfléchir et choisir lesquels vous soutenez réellement avant de répondre aux sondeurs...
Tom Roberts
27 mars, par Rédaction de Yonne Lautre
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