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Publié le 16 août 2021
ENVIRONNEMENT
PESTICIDE INTERDIT : DESTRUCTION DE BETTERAVES, THÉORIQUEMENT PROTÉGÉES PAR LES NÉONICOTINOÏDES
500 000 tonnes de betteraves sucrières détruites, soit 1,5 % de la production parce que plusieurs milliers d’hectares ont été traités par un herbicide contenant des substances interdites dans l’Union Européenne. Nouvel avatar pour la filière qui avait provoqué un débat animé à l’automne 2020 en obtenant la réintroduction des néonicotinoïdes. Nouvelle illustration de la difficulté à limiter la phytotoxicité et à faire appliquer les restrictions européennes sur les pesticides.
[Mis à jour le 16 août] Maudite betterave sucrière, spécialité des plaines agricoles picardes ! Frappée par la jaunisse, elle avait obtenu, à l’automne 2020 du Parlement français, une dérogation pour continuer à utiliser les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles afin de se protéger de la maladie, Mais elle connaît désormais une autre crise liée aux herbicides produits par la société israélienne Adama.
Après la révélation il y a quelques semaines de la présence de substances interdites dans l’Union européenne sur 5 000 hectares de champ de betteraves où ont été répandus l’herbicide Marquis, le ministère de l'Agriculture a ordonné la destruction des parcelles concernées dans le nord et l'est de la France. Cela représente 500 000 tonnes de betteraves soit 1,5 % de la production. La filière demande des indemnisations pour les 273 planteurs.
Jaunisse puis gel
"Après la jaunisse, le gel, c'est un coup dur pour eux mais ils comprennent que le principe de précaution soit appliqué", souligne Cyril Cogniard, le président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) Champagne-Bourgogne. Il ajoute : "le consommateur est 100 % protégé, mais l'agriculteur est 100 % touché, il doit tout détruire sans savoir s'il va être indemnisé".
Des discussions sont en cours avec le producteur des substances incriminées pour trouver un "accord amiable" à ce préjudice dont la société Adama serait responsable Cette "phytotoxicité" (toxicité d'une substance chimique pour la croissance des plantes) "serait liée à des erreurs lors des étapes de formulation et de conditionnement des produits réalisées dans les usines de la société Adama en Israël", selon les autorités françaises. Des investigations sont en cours "pour connaître l'origine de cette contamination croisée lors du process de fabrication". Cela tombe mal pour Adama qui a publié en juillet son premier rapport de développement durable qui met l’accent sur la sécurité de ses produits.
Un autre de ses herbicides est aussi mis en cause. Six lots de son produit "Goltix Duo" ont été jugés non conformes en raison de la présence de diflufenican, substance approuvée par l'UE, mais pour les céréales pas pour les betteraves, a indiqué le ministère de l’Agriculture. Trier le bon grain de l’ivraie et faire appliquer les règlementations sur les pesticides pour préserver la biodiversité est un long combat qui commence à peine.
Anne-Catherine Husson Traore avec AFP