Paru sur le site "La Marne" :
La méthanisation menace les animaux sauvages en Seine-et-Marne
En Seine-et-Marne, pourra-t-on préserver les animaux sauvages, menacés par les fauchages pour la méthanisation ?
La méthanisation met en danger beaucoup d’animaux sauvages en Seine-et-Marne. La Fédération des chasseurs propose des solutions pour atténuer les dommages. (©Rob Sweers-patrijzen)
Par Bénédicte de ChivréPublié le 15 Août 21 à 19:33
La Seine-et-Marne possède déjà quinze installations de méthanisation, et ce nombre va augmenter.
Le gaz vert, prôné par une partie des écologistes, a ses revers : celui notamment de décimer les animaux sauvages qui vivent en plaine.
En effet, l’alimentation en végétaux des méthaniseurs cause de graves dommages à la faune sauvage.
Les animaux sauvages décimés dans les plaines de Seine-et-Marne
La faune sauvage des plaines de Seine-et-Marne va payer un lourd tribut à la méthanisation.
En Seine-et-Marne, deux espèces emblématiques, la perdrix et le lièvre, en font les frais. Mais les renards, les sangliers, les faons seront également touchés.
« Les chasseurs retrouvent des cadavres broyés », constate Jérôme Thomas, responsable communication à la Fédération des chasseurs de Seine-et-Marne.
La Fédération des chasseurs de Seine-et-Marne va lancer des études de comptage pour évaluer les dégâts. « Nous allons survoler avec des drones pour compter les animaux avant le fauchage, ceux tués et ceux sauvés ».
Les cultures pour la méthanisation fauchées au plus mauvais moment
La plupart des méthaniseurs sont alimentés par des résidus végétaux et par des cultures intermédiaires « à vocation énergétique » (CIVE).
La première fauche intervient en pleine période de nidification, en juin.
Jérôme ThomasFédération de chasse de Seine-et-Marne.
Tous les oiseaux de plaine sont touchés, mais la perdrix grise est plus affectée que le faisan, par exemple, car ce dernier a la possibilité de refaire son nid dans la saison. L’alouette des champs et le courlis (œdicnème criard) sont aussi très concernés.
Des cultures pour compenser
La Fédération des chasseurs de Seine-et-Marne préconise que chaque exploitant impliqué dans la méthanisation mette en place des cultures de compensation où les petits animaux pourront se réfugier.
Pour ce couvert qui aura un intérêt pour la faune et la flore, ce sera l’agriculteur qui fixera le prix, car c’est une perte de surface pour ses cultures.
La mise à disposition des parcelles devrait coûter aux chasseurs entre 400 € et 800 € par an et par hectare, une somme à laquelle s’ajoutent les semences.
Ces parcelles seront implantées plutôt au milieu de la plaine. « Si on a des insectes dans ces parcelles, on pense que les animaux suivront et s’y installeront ».
180 ha de cultures d’intérêt faunistique et floristique (CIFF) ont été installées en 2021 dans le département, entièrement financées par les chasseurs pour un coût moyen de 600 € l’hectare.
La plantation de haies continue
Par ailleurs, la Fédération de chasse continue de planter des haies. Pionnière en la matière, elle a une démarche très pragmatique : « on fait des zones pilotes, et on montre les résultats », conclut Jérôme Thomas.
Loin de dénigrer les agriculteurs, il souligne que ce qui se joue est la conséquence de la mondialisation et de la course à la productivité à laquelle le monde agricole est confronté.
https://actu.fr/societe/la-methanisation-menace-les-animaux-sauvages-en-seine-et-marne_44157718.html