A gauche la maison où habitèrent Emile Guichard et ses parents
Article paru dans les années 1930, dans le journal paroissial « Ici Claye-Souilly », écrit par Emille Guichard (1874-1954), avocat, fils d’Eugène Guichard, maire de Claye-Souilly de 1886 à 1901 :
« Il y a bientôt 125 ans, nos ancêtres connurent les angoisses de graves maladies qui les décimèrent, comme le choléra. C'est en effet en 1832 que pour la première fois, le choléra asiatique, dit "choléra morbus" fit son apparition en France. Sorti de l'Inde il parcourut tout l'ancien continent de la Chine à l'Angleterre. Il entra à Paris le 26 mars et en sortit le 20 septembre, après y avoir fait 20000 victimes, dont plusieurs personnages illustres : le premier ministre Casimir Perrier, le général Lamarque etc......Dans la France entière plus de 120 000 personnes furent emportées par le terrible mal.
Claye et Souilly, qui étaient alors des communes distinctes payèrent leur tribut au nouveau fléau. Alors que les registres de l'état civil de Claye ne comportent que 18 décès en 1831 nous en trouvons 52 en 1832.
A Souilly 4 décès en 1831, 18 en 1832. Comme à Paris l'épidémie éclata à la fin du mois de mars.
En six semaines, trente personnes périrent. La municipalité avait loué une maison isolée, située route de Chelles et appartenant au sieur Charles Aubry, pour servir d'hôpital temporaire, spécialement réservé aux cholériques. Cinq des malades hospitalisés y décédèrent.
Le quartier le plus éprouvé fut celui de Voisins, à cause sans doute du voisinage immédiat des marais proches de la Beuvronne et de ses maisons très resserrées en général et privées, surtout à cette époque où l'hygiène n'était guère connue, d'air et de lumière. On constata du 6 avril au 15 mai douze décès pour une population d'environ 200 habitants, au lieu de 7 décès dans la grande rue, rue de Beaubourg, 1 rue de la guette, 1 rue de Messy, soit onze décès pour une population d'environ 800 habitants.
Souilly compta 9 décès pour une population d'environ 300 habitants. Trois membres de la famille Moncoupet, âgés de 77, 43 et 49 ans disparurent en quelques jours. Les deux époux Leclerc 43 et 49 ans disparurent en vingt quatre heures. La mortalité sévit surtout parmi les sujets de 25 à 50 ans. Les jeunes enfants furent en général épargnés (4 décès de 1 à 15 ans ).
Parmi les familles atteintes citons : les Chauffour, Prieur, Lobbé, Lecocq, Josse, Lefevre, Fournier, Hédange, Brouet, Frisquet ........
Le même fléau devait faire de nouveau son apparition dix sept ans plus tard, mais d'une façon moins cruelle. On enregistre cependant à Claye et Souilly alors réunis, cinquante huit décès contre trente deux en 1848. »
