Georges Blond | 12 Févr. 2001, 00h00
A LA FERTÉ-SOUS-JOUARRE, le corps médical brandit l'étendard de la révolte. Les médecins lancent une pétition pour s'opposer à l'implantation définitive de la centrale d'enrobé routier de la société Wiame en zone industrielle du Hainault à Sept-Sorts. Centrale installée avec des autorisations provisoires de six mois début 1999 pour faciliter la réfection de 4 km de la RN 3.
Prévue pour six mois, elle a été autorisée pour six de plus. Et a déjà provoqué l'ire des riverains et des associations de défense de l'environnement. La pétition regroupe les signatures de dix médecins dont un pneumologue, un ORL, un radiologue et un acupuncteur, de quatre pharmaciens, de deux opticiens, d'un biologiste et d'un kinésithérapeute.
Elle est adressée au préfet de Seine-et-Marne ainsi qu'aux membres du conseil départemental d'hygiène pour qu'ils émettent un avis défavorable.
« Odeurs suffocantes irritantes, gênantes »
« Je porte à votre connaissance mes constatations personnelles quant aux odeurs suffocantes, irritantes, extrêmement gênantes, de bitume », attaque le docteur Sylvaine Drouet-Perche dans le courrier qui accompagne la pétition. Le médecin évoque également des gênes de respiration en plein centre-ville de La Ferté, de brusques accès de toux en passant sur la RN 3 au niveau de l'usine, des panaches de fumées grisâtres se rabattant sur une société de produits alimentaires proche. Plusieurs pétitionnaires se sont déplacés pour remplir le cahier mis à la disposition du public au moment de l'enquête publique. Ils s'étonnent « que le commissaire-enquêteur ait pu donner un avis favorable alors même qu'il avait entre les mains des éléments qui auraient dû, tout au moins, le pousser à demander un complément d'information, insiste le docteur Drouet-Perche. A commencer par le rapport technique très détaillé établi et déposé par Jean-Gérard Mathé, ingénieur de l'Equipement au plan national. Il y rappelait l'ensemble des obligations des centrales d'enrobé routier. Sans oublier les observations de Georges Leroy, président de l'Association des amis de la nature, de Changis. »
Les opposants s'insurgent contre l'emplacement choisi
D'un commun accord, les opposants au projet ne s'élèvent pas contre l'installation elle-même. Ils savent que « les routes sont indispensables à la vie moderne, et le bitume par voix de conséquence. » Ils s'insurgent contre le site choisi. Dans une zone industrielle et commerciale accueillant des commerces de bouche et sous les vents dominants qui poussent les fumées sur l'agglomération de La Ferté et sa population de 10 000 âmes.