Dans la plus parfaite discrétion le préfet de Seine et Marne a réuni depuis plus d’un an
le lobby agricole(la Chambre d'agriculture, la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs, la Coordination Rurale) l’Edater du Conseil départemental, la Fédération de Pêche, l’ONEMA, la DRIEE et l'Agence de l'eau pour établir la carte des cours d’eau du 77.
C’est à la demande du Ministère de l’Ecologie que cette carte doit être établie dans tous les départements.
Les associations environnementales n’ont pas été conviées à ces réunions en Seine et Marne alors que dans bon nombre de départements les préfets les y ont invitées.
La préfecture vient de nous adresser le projet de cartographie le 29 juillet dernier, nos observations doivent être formulées avant le 15/9/2016.
D’après nos informations ce serait près de 300 kms de cours d’eau qui pourraient être déclassés en Seine et Marne.
Un déclassement
quelle conséquence pour un cours d’eau ?
Cours d’eau déclassé = moins de contraintes pour les riverains
Afin de protéger les rivières des pollutions diffuses, la loi sur l’eau oblige à implanter, au bord des cours d’eau, une bande enherbée de 5 à 20 mètres, sans pesticides, ni engrais (nitrates…), cette obligation concerne les cours d’eau figurant sur les cartes IGN.(2)
Cette législation concerne les riverains de cours d’eau (agriculteurs, collectivités, particuliers).
Les agriculteurs ne peuvent pas bénéficier des juteuses subventions de la PAC s’ils ne respectent pas cette obligation.
Si le cours d’eau est déclassé, la loi sur l’eau ne s’applique plus, les agriculteurs non bio pourront notamment cultiver et déverser des pesticides, nitrates… jusqu’au bord de ces cours d’eau qui n’apparaîtront plus sur la carte IGN et bénéficier sans contraintes des juteuses subventions de la PAC.
Paru dans Rue 89 :
L’eau se ressource grâce à l’agriculture bio
par Simon Barthélémy 29 octobre 2014
Dépolluer de l’eau coûte 27 fois plus cher que de soutenir l’agriculture bio sur les aires de captage. Un réseau encourage la conversion bio d’exploitations agricoles, avec des résultats probants sur l’emploi et l’environnement, présentés ce mardi à Bordeaux.
La France engloutit 54 milliards d’euros par an pour dépolluer l’eau souillée par les rejets de l’agriculture et de l’élevage – engrais, pesticides… C’est à dire une somme équivalente au budget européen de la PAC (politique agricole commune).
Il faut dire que l’état des nappes phréatiques est autres réserves d’eau douce n’est pas fameux : 400 captages sont abandonnés chaque année pour cause de pollution d’origine agricole, et on retrouve la présence des pesticides dans la majorité des points d’observation. Si bien que la France, 1er utilisateur de pesticides d’Europe, est régulièrement condamnée par l’Union pour non respect de la directive-cadre eau......
Pour combattre la contamination de la ressource, mais aussi préserver la santé des agriculteurs qui manipulent ces produits chimiques, il existe une solution simple : convertir les surfaces agricoles des zones de captage en bio, un mode de culture qui prohibe tout pesticides ou intrants azotés. Cet objectif défini par le Grenelle de l’environnement, est inspiré d’expériences comme celle de la ville de Munich, qui a contractualisé le passage au bio des agriculteurs des environs.
Des petits Munich en France
Le modèle s’avère très économique, affirme le réseau Bio d’Aquitaine, co-organisateur ce mardi à la Communauté urbaine de Bordeaux d’une journée de débats sur « l’agriculture biologique, levier d’action pour un développement territorial durable » :
« Cela revient 27 fois moins cher de soutenir l’agriculture bio que d’engager des actions de dénitrification de l’eau – l’équivalent d’un centime d’euro le m3 d’eau distribuée, contre 27 centimes pour dépolluer », estime Sylvie Dulong, viticultrice et présidente d’Agrobio Gironde, membre de Bio d’Aquitaine.
Pour prouver la pertinence du modèle, « on essaie de faire des petits Munich partout en France », lance Sylvain Roumeau, chargé de mission à la FNAB. La Fédération nationale de l’agriculture biologique coordonne depuis 2007 un groupe de travail, le réseau Eau&Bio, qui associe notamment les agences de l’eau.
Ce réseau compte 12 sites pilotes – dont les sources de la vallée de la Vanne, qui fournissent 15% à 20% de l’eau consommée par les Parisiens, où la bio est passée de 1% à 6% de la surface agricole utile (SAU), soit 1494 hectares labellisés AB, avec 22 agriculteurs bio.
Parmi ces 12 territoires, un seul se trouve en Aquitaine : dans la vallée de la Dordogne, sept agriculteurs sont passés en bio sur l’aire de captage du Puits de la Prade de Gardonne, dont les nappes souterraines sont affectées par les pesticides pulvérisés sur les vignes voisines.
Des résultats rapides
Quelle est l’efficacité de telles mesures ? Pour Françoise Vernier, ingénieur-chercheur à l’Irstea de Bordeaux (institut de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture), elles ne marchent que si elles sont économiquement viables. Or selon ses travaux sur l’évolution de l’agriculture en Poitou-Charentes, le passage en bio est beaucoup plus rentable pour les agriculteurs, et efficace pour l’environnement, que d’autres mesures type agriculture raisonnée.
A Coulonges et Saint-Hyppolite, des coins où la bio ne pèse que quelques % de la SAU, la présence des pesticides dans l’eau est massive (55% des stations superficielle et les ¾ des nappes souterraines contaminées), les effets d’un changement de pratiques agricoles sont spectaculaires : selon la scientifique bordelaise, la conversion en bio de seulement 20% des vignes présentes sur les zones de captage « a permis d’obtenir en 6 ans une réduction de 44% de la pression en herbicides, insecticides et fongicides », calculée en IFT (indice de fréquence de traitement). Cela s’est traduit par une baisse mesurée de la présence des molécules chimiques dans les cours d’eau.
Peut-on revenir à une situation normale ? Oui : une étude réalisée sur l’aquifère Brie-Beauce prévoit un dépassement des normes d’eau potable (50 milligrammes de nitrate par litre) en cas de scénario « business as usual », une stagnation à un niveau de pollution élevée en cas d’évolution vers une agriculture « intégrée » ou « raisonnée » (c’est à dire utilisant un peu moins de produits chimiques), et un retour en 20 ans à la situation des années 1950, en cas de conversion bio......
http://rue89bordeaux.com/2014/10/eau-ressource-grace-lagriculture-bio/