Article paru sur le site Sud-Ouest :
Mardi 29 novembre 2011 à 06h00 | Mis à jour le 29 novembre 2011 à 12h14 Par Odile Faure et Jean-Denis Renard | 1 | commentaire(s) |
Béarn : Total peut continuer à injecter du CO2 jusqu'en 2013
L'État autorise la société à poursuivre l'expérience de captage et stockage en cours entre Lacq et Jurançon.
Total peut poursuivre son expérience jusqu'à juillet 2013.
Le feuilleton se poursuit. Le 14 novembre, l'État a autorisé Total à poursuivre le captage et l'injection de dioxyde de carbone en cours entre son site de Lacq et le sous-sol des coteaux de Jurançon, dans le Béarn. L'expérience devait initialement se dérouler entre janvier 2010 et janvier 2012. Mais des ennuis techniques ont retardé Total sur ce « pilote industriel » qui, pour la première fois en France, teste le circuit complet du captage-stockage du CO2 : captage des fumées concentrées à la sortie d'une des chaudières (modifiée pour ce faire) de l'usine au gaz naturel de Lacq, transport sur 27 kilomètres par des canalisations existantes, enfouissement à 4 500 mètres de profondeur dans le quartier Guilhouret, à Jurançon, dans un ancien puits déplété (vidé) de gaz naturel.
Peu après le « top départ », Total a rencontré des problèmes de corrosion dans les chambres de compression du gaz. La chaudière à oxycombustion (l'oxygène pur a remplacé l'air) connaissait, quant à elle, des températures anormalement élevées. Et, au fond du puits, une sonde de mesure de la pression et de la température s'est révélée défaillante. Le temps de redresser la barre, la compagnie a perdu six mois d'exploitation.
Conformément à la requête du groupe pétrolier, la prolongation durera dix-huit mois, jusqu'au 8 juillet 2013, soit six mois avant la fin de l'exploitation du gisement de gaz de Lacq par Total, prévue le 1er janvier 2014. La préfecture des Pyrénées-Atlantiques a cependant modifié la quantité maximale de CO2 qui peut être traitée.
Elle passe de 120 000 tonnes, mentionnée dans l'arrêté de 2009, à 90 000 tonnes. La société n'en concevra aucune gêne. Pour l'instant, elle n'a injecté que 28 000 tonnes de CO2. Le rythme de croisière atteint par le pilote, 200 tonnes par jour, permettrait en théorie de passer la barre des 120 000 tonnes. Mais Total n'a aucun intérêt à maintenir une cadence industrielle aussi soutenue pour ce qui reste un démonstrateur.
« De nouvelles sondes »
Chez Total, on se satisfait de cette décision préfectorale. « Nous allons acquérir suffisamment d'informations pour tester la chaîne complète de captage et de stockage. On sait d'ores et déjà que l'ensemble fonctionne », explique Guy Zahan, le responsable de la communication du groupe dans le Sud-Ouest.
C'était l'objectif premier de la compagnie avant son départ définitif de la plate-forme de Lacq. Le temps de prolongation sera mis à profit pour travailler sur le deuxième objectif : travailler sur « la chaudière du futur, beaucoup plus grosse que celle qui existe à Lacq mais qui produirait zéro CO2. Nous avons encore besoin d'accumuler des informations. Nous allons d'ailleurs installer de nouvelles sondes sur la chaudière », poursuit Guy Zahan.
Tous les obstacles ne sont pas tombés pour autant. Localement, la fronde de l'association de riverains Coteaux de Jurançon Environnement, qui dénonce les dangers du transport et de l'enfouissement du CO2. Et, plus globalement, la rentabilité très incertaine des procédés de captage-stockage du CO2 tant que la communauté internationale s'abstient de pénaliser les industriels pour le carbone qu'ils envoient dans l'atmosphère.
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