Des taux de perchlorate supérieurs aux recommandations de l'Agence nationale de sécurité sanitaire ont été découverts dans des circuits d'eau potable. Les préfets du Nord et du Pas-de-Calais devraient prendre des arrêtés de restriction sur la consommation d'eau pour les nourrissons et les femmes enceintes.
"Il y a une suspicion d'un problème de santé publique mais on n'est pas dans une situation de crise sanitaire" : pour Christian Chocquet, le préfet délégué à la sécurité, il s'agit avant tout d'appliquer le principe de précaution. Notamment parce que le perchlorate peut s'avérer dangereux pour les nourrisons, visés avec les femmes enceintes par les arrêtés de restriction que prendront les préfets de la région dans la semaine et jusqu'à la semaine prochaine dans les 544 communes concernées.
Hyperthyroïdie, problèmes de croissance ou de développement neurologique chez le nourrisson
Solubles dans l'eau et fréquemment utilisés pour les applications militaires et aérospatiales, les perchlorates ne sont pas cancérogènes, ni mutagènes, ne s'accumulent pas dans l'organisme et leurs effets sur la santé sont réversibles. Pour autant, ils peuvent provoquer chez les nourrissons des problèmes d'hyperthyroïdie et des problèmes de croissance ou de développement neurologique.
Des taux largement dépassé sur quatre forages
Pour les bébés de moins de six mois, le taux de perchlorates fixés par l'Anses au-dessus desquels l'eau ne doit pas être consommée est de 4 microgrammes/litre. Pour les femmes enceintes ou allaitantes, il est relevé à 15 microgrammes/litre. D'après le quotidien la Voix du Nord, le seuil maximum de quatre microgrammes de perchlorate par litre d'eau a plusieurs fois été dépassé sur quatre des huit forages du champ captant de Flers-en-Escrebieux.
Pas de modification de l'incidence de l'hypothyroïdie congénitale
Les autorités ont donc annoncé le lancement de traitements à base de dilution de l'eau, ou grâce à des résines spécifiques, même si à ce jour, les études réalisées n'auraient pas montré "de modification de l'incidence de l'hypothyroïdie congénitale" en Nord/Pas-de-Calais par rapport aux autres régions. C'est ce qu'explique Dr Sandrine Segovia-Kueny, rattachée à l'ARS. Elle poursuit, rassurante : "La situation ne doit pas effrayer les parents. Le suivi des enfants doit rester le même, par le biais d'un pédiatre".
Première Guerre mondiale
La présence des sels de perchlorate dans le sous-sol de la région n'est pas extraordinaire : elle pourrait s'expliquer, selon l'ARS, par les "nombreuses munitions tirées lors de la Première Guerre mondiale, en particulier sur la ligne de front qui se trouvait à la limite entre la plaine de Flandres et le plateau d'Artois."