Prochaine CSS Commission de suivi de site
du Fort de Vaujours
10 février 2015 à 14h30
à la sous préfecture de Torcy
L’Agence Régionale de Santé livrera-t-elle lors de cette CSS les chiffres de la morbidité sur les communes de Villeparisis, Coubron, Vaujours comme le demande les élus et les associations de défense des riverains ?
Pas sûr
l’Agence Régionale de Santé
le promet
à chaque réunion
mais nous attendons toujours
A Bouc-Bel-Air près de l’usine d’alumine l’ARS refuse aussi de livrer les chiffres de la morbidité.
Boues rouges de Cassis
ou
pollution de l’ancien site du CEA fort de Vaujours
Même combat.
Extrait article paru sur le site Le Monde diplomatique :
> Mai 2015, page 8
Economie circulaire ou recyclage toxique ?
La Méditerranée empoisonnée
Au nom de la préservation de l’emploi, l’usine d’alumine des Bouches-du-Rhône a bénéficié d’un très long moratoire pour mettre fin aux rejets de boues rouges dans la Méditerranée. Vingt ans plus tard, la pollution perdure et l’emploi n’a jamais paru autant menacé, faute de solutions durables. Les documents que nous versons au dossier démontrent l’importance de l’enjeu sanitaire.
par Barbara Landrevie
Arsenic, uranium 238, thorium 232, mercure, cadmium, titane, soude, plomb, chrome, vanadium, nickel : voilà quelques composants des « boues rouges » déversées chaque jour par centaines de tonnes dans la mer Méditerranée. Une canalisation construite en 1966 rejette ces déchets à sept kilomètres des côtes, au cœur d’un site remarquable par sa biodiversité, devenu en avril 2012 le parc national des Calanques. En un demi-siècle, près de trente millions de tonnes ont été répandues à deux cent cinquante mètres de profondeur. Elles dispersent leurs éléments toxiques du golfe de Fos à la rade de Toulon, s’ajoutant aux eaux polluées du Rhône.
Ces boues émanent de l’industrie de l’aluminium. Une histoire ancienne dans cette région : la bauxite, le minerai d’aluminium, fut découverte aux Baux-de-Provence en 1821.Le procédé Bayer, mis au point à Gardanne à partir de 1893, consiste à dissoudre l’alumine qu’elle contient avec de la soude, ce qui génère une grande quantité de résidus toxiques à forte coloration rouge. L’usine appartient aujourd’hui à la société Alteo, premier producteur mondial d’« alumines de spécialité », qui exporte chaque jour plus de mille deux cents tonnes de produits finis, en particulier pour la confection d’écrans plats à cristaux liquides et de tablettes tactiles. Sur un territoire où le travail devient rare, Alteo représente près de quatre cents emplois directs et plus d’un millier en comptant la sous-traitance.
De Marseille à Cassis, les marins remontent des filets teintés de rouge et des poissons chargés en métaux lourds. Certaines espèces ont totalement disparu. Le « crime » a pourtant été dénoncé dès 1963, au moment du projet de canalisation, par le célèbre biologiste Alain Bombard. Océanographe à la retraite, Gérard Rivoire s’inquiète aussi de l’exposition radiologique : « La radioactivité naturelle de la Méditerranée est de 12 becquerels par litre ; celle des boues à la sortie du tuyau dépasse les 750 Bq/l. C’est un risque majeur pour la faune marine et pour la chaîne alimentaire. »
Alteo conteste cette analyse. Certaines études — financées par l’entreprise — permettraient de conclure à une « absence d’impact notable des résidus sur les animaux aquatiques, y compris à forte profondeur (1) ». Les batailles d’experts et l’identité de leurs commanditaires mettent en évidence la difficulté de faire valoir l’intérêt public en matière d’environnement et de santé………
En attendant les compléments d’enquête sur l’environnement demandés par la ministre de l’écologie, les questions de santé publique restent les plus difficiles à éclaircir. Les envols d’éléments toxiques inquiètent les riverains, qui suffoquent littéralement quand le mistral se lève. En visitant leurs maisons, on peut voir les traces de cette poussière rouge qui s’infiltre partout. D’après notre décompte, sur la vingtaine d’habitants vivant au plus près du dépôt de boue, huit souffrent de cancers, une de la maladie de Charcot et cinq ont des problèmes de thyroïde. Pressé par ses administrés depuis des mois, le maire de Bouc-Bel-Air vient de demander une enquête au ministère de la santé. L’Agence régionale de santé (ARS), quant à elle, refuse de livrer ses chiffres de morbidité par cancer pour les communes de Gardanne et de Bouc-Bel-Air. Et le médecin du travail qui s’occupe des salariés de l’usine n’est guère plus loquace…
http://www.monde-diplomatique.fr/2015/05/LANDREVIE/52952