Dans ces conditions
l’avenir semble bien sombre pour la Seine et Marne.
Le vote définitif du PREDEC (1) devrait intervenir d’ici la fin de l’année 2014 après l’enquête publique, il semblerait d’après les propos tenus par Mme Corinne Rufet lors du vote de l’arrêt du projet PREDEC du 19 juin dernier que le représentant de l’ETAT M. le Préfet d’Ile de France ne soit pas favorable à un moratoire total interdisant l’implantation de décharges en Seine et Marne pendant 3 ans.
Les projets de Mme Ségolène Royal semblent aller dans le même sens et ce serait un désastre annoncé pour la préservation de la ressource en eau du nord-ouest 77, il se pourrait même que la qualité de l’eau de la Marne trop dégradée dans les années à venir oblige à fermer le captage d’Annet sur Marne et à trouver une ressource en eau ailleurs pour les 500 000 habitants qui boivent cette eau.
Les parisiens qui envoient leurs ordures autour de ce captage vont peut-être devoir se résigner à l’avenir à utiliser l’eau de la Seine pour leur usage en eau potable et à laisser aux seine et marnais leurs quelques réserves en eau potable provenant de leurs sources du sud 77.
(1) Plan Régional d’Elimination des déchets de Chantier IDF
Construction de 70.000 logements par an, Grand Paris express, les chantiers franciliens vont se multiplier d'ici à 2030 et engendrer des millions de tonnes de gravats. Pour éviter la saturation des décharges, un mot d’ordre : recycler ! ……
20 juin 2014
Nicolas Six - Citizen Press
Pour la seule année 2013, les déchets du secteur du bâtiment s’élèvent à 24 millions de tonnes en Île-de-France. S’ils étaient empilés sur la pelouse du Stade de France, ils culmineraient à 700 mètres de haut ! Or seul un quart de cet immense tas est recyclé. Le reste est déversé en décharge, ou utilisé pour le remblayage des carrières. Sans compter les déchets jetés en dépôt sauvage.
Et ce n’est pas fini. D’ici à 2026, le flot annuel de déchets augmentera de 35 %, sous l’impact de la construction du réseau de transport du Nouveau Grand Paris (prolongements et créations de lignes) et des autres réalisations prévues par Île-de-France 2030 : 25 nouveaux quartiers urbains, plus de 70 nouvelles gares… Résultat : les experts prédisent une saturation des décharges d’ici cinq ans. Le compte à rebours est enclenché, mais point de discours fataliste. Après tout, la Flandre recycle deux fois plus de déchets que l’Île-de-France. Des solutions existent et le plan « Prévenir et gérer les déchets de chantiers » (Predec), qui entrera en application fin 2014, doit les coordonner. La Région est aux commandes du chantier.
La priorité ? Limiter la création de déchets, en incitant les professionnels à réfléchir plus attentivement avant de démolir, et à construire en gâchant moins de matériaux. « Un chantier doit être bien préparé ! Sans cela, il y a des erreurs qui forcent à démonter, casser, et refaire »,explique Marc Bourdais, directeur émérite du centre de formation des apprentis Bâtiment des Compagnons du Tour de France. Et de rappeler que tout chantier est plus ou moins générateur de déchets, qu’il consomme plus ou moins d’eau, plus ou moins d’électricité. L’objectif « zéro déchets » paraît cependant irréaliste. Que faire, dès lors, des matériaux déblayés ? Tous ne doivent pas finir en décharge. Certains matériaux peuvent être réutilisés par d’autres professionnels, sur d’autres chantiers, à quelques kilomètres de là. Une idée pleine de bon sens, boostée par les nouvelles technologies ! « En 2014, nous lançons une application smartphone destinée aux professionnels du BTP. Ils pourront échanger de la terre géolocalisée par GPS »,explique Emmanuel Cazeneuve, fondateur d’Hésus. Cette petite entreprise de services basée à Ivry-sur-Seine (94) avait fait le choix, lors de sa création en 2008, de s’intéresser aux terres polluées. Elle a élargi son savoir-faire aux terres inertes, souvent utilisées pour combler d’anciennes carrières.....
En fait, de la gestion d’un chantier à l’acheminement des déchets dans un centre de stockage, c’est bien l’ensemble de la filière qu’il faut repenser au regard de cet enjeu tant économique qu’environnemental. Ainsi, une soixantaine de centres d’élimination des déchets (déchetteries publiques et privées, services de collecte au chantier) devraient voir le jour d’ici à 2026. Avec un impératif : une plus juste répartition sur le territoire francilien, alors que la majorité des déchets sont à ce jour stockés en Seine-et-Marne. Demain, les professionnels trouveront, à proximité de leur chantier, un centre pour éliminer leurs déchets.
Quant au nombre de chaînes de tri spécialisées en BTP, il devrait doubler. Erwan le Meur, de la société Paprec, numéro un du recyclage des ordures ménagères qui vient d’investir le marché des chantiers du BTP, précise : « Le déchet de chantier est lourd, il nécessite des installations très renforcées. Nous trions par flottaison : le bois et le plastique surnagent, les gravats restent au fond. Grâce à cette technique récente, nous parvenons à recycler plus de 75 % des matériaux. »
Reste la question de la formation. « Nous pensons cibler les architectes et les chefs de chantier,confie Marc Bourdais. Ce sont eux qui impulsent les bonnes pratiques. » Et de concéder : « C’est comme pour la sécurité sur les chantiers… Il faut faire évoluer les mentalités et cela prend un peu de temps. » Du coup, le formateur mise également sur la sensibilisation des apprentis. « Je compte sur le fait que les jeunes se posent les vraies questions, qu’ils prennent de bonnes habitudes, qu’ils adoptent des réflexes écolo dès le début de leur vie professionnelle. On explique qu’il vaut mieux choisir des matériaux peu énergivores lors de leur fabrication, qui ne dégagent pas de CO2. Des matériaux sains dès le départ. Bien sûr, ils n’appliqueront peut-être pas ces conseils chez leur premier patron, mais, si les jeunes sont sensibilisés à ces gestes, ils les garderont en tête. C’est de l’ordre du possible. »
Revoir de A à Z la gestion des déchets nécessitera aussi d’imaginer de nouveaux métiers. Ainsi, depuis 2011, l’obligation de réaliser un diagnostic avant la destruction de tout bâtiment de plus de 1.000 m² a vu émerger une nouvelle profession : auditeur. On voit aussi apparaître des valoristes, chargés de superviser les matériaux de construction, les plastiques, le verre, le bois… Ils orientent les déchets vers les bonnes filières de retraitement. La Région Île-de-France vient de retenir ce métier émergent dans son offre de formation professionnelle 2014-2018, pour généraliser cette expertise sur les chantiers franciliens.
Les équipes qui planchent sur le Predec ont bien d’autres idées, comme la création de recycleries où les professionnels achèteraient des matériaux mieux mis en valeur, plus commodes d’accès. « Il faut des sanctions contre les dépôts sauvages », martèle Helder de Oliveira, directeur de l’Observatoire régional des déchets d’Île-de-France (Ordif). En première ligne pour la construction des lycées, la Région Île-de-France compte aussi montrer l’exemple : une clause « prévention valorisation des déchets » sera systématiquement négociée.
Reste à financer cette politique : atteindre les objectifs du Predec représentera un coût supplémentaire pour les entreprises du bâtiment, mais pas nécessairement pour les contribuables. « Plusieurs expériences étrangères ont prouvé qu’il était possible d’agir sans augmenter les impôts », garantit Helder de Oliveira. En outre, il insiste sur les emplois que permettra de créer le Predec : « On estime qu’enfouir 100 tonnes de déchets du BTP crée trois emplois, alors qu’en recycler la même quantité en crée neuf. Ce n’est pas anodin. Aujourd’hui, la gestion des déchets emploie 20.000 personnes environ en Île-de-France. » Un gisement appelé à prospérer, quand on sait que les travaux prévus dans les cinq ans à venir dans la région vont générer 18 000 emplois dans le BTP... et des montagnes de gravats. « Le seul tronçon Gare-Saint-Lazare-Saint-Ouen du prolongement de la ligne 14 fera sortir 430.000 m3 de terre »,annonce Emmanuel Cazeneuve. Un beau filon.
http://www.iledefrance.fr/fil-actus-region/dechets-du-batiment-mine-valoriser