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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 21:52
Paru sur le site Le Monde.fr :
Luttons tout de suite contre la pollution de l'air

Le Monde.fr | 15.11.2012 à 10h51 Par Rémy Slama, Denis Zmirou-Navier, Isabella Annesi-Maesano et William Dab, chercheurs

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En France, la route tue davantage par la pollution qu'elle engendre que par les accidents de la circulation. Le nombre de décès annuels dus aux accidents de la route est, après d'importants efforts, maintenant inférieur à 4 000 (une diminution de 60 % en une vingtaine d'années), alors que la pollution atmosphérique est impliquée dans 20 000 à 40 000 décès chaque année, dont plus de la moitié pour la pollution due au trafic routier.

La majorité des décès surviennent par maladie cardiovasculaire, mais aussi par des maladies respiratoires, ainsi que par cancer. Les études épidémiologiques humaines et la toxicologie animale donnent des résultats convergents. Le Centre international de recherche sur le cancer a ainsi classé cette année les particules fines diesel comme des carcinogènes certains pour l'homme. L'Institut national du cancer rapporte que les particules fines diesel seraient responsables d'environ 1 000 à 1 500 nouveaux cas de cancer du poumon en France sur les 39 500 nouveaux cas estimés en 2011. L'Institut de veille sanitaire (InVS) a récemment rappelé que l'espérance de vie était diminuée de 4 à 8 mois dans les grandes agglomérations, par rapport à ce qui est attendu si le niveau de pollution recommandé par l'Organisation mondiale de la santé était respecté. Le coût financier, incluant les journées de travail perdues, est de l'ordre de 30 milliards d'euros par an en France. Tout euro investi pour faire diminuer la pollution atmosphérique est plusieurs fois remboursé par le gain sanitaire et économique résultant de cette diminution.

Or, les concentrations de particules fines et d'oxydes d'azote ne baissent pas, ou très lentement, comme le constate le bilan de la qualité de l'air publié par le ministère de l'écologie sur la période 2000-2011. Ce sont ces particules, et surtout les plus fines d'entre elles, qui sont d'après les connaissances actuelles les plus nocives, au sein des polluants présents dans l'air de nos villes…….

La carte européenne des zones à faibles émissions de pollution va-t-elle encore longtemps rester vierge pour la France, alors que 180 villes dans 39 pays ont mis en place une telle approche ? Il ne s'agit pas ici de se crisper sur un dispositif plutôt qu'un autre. Que les solutions relèvent de la police urbaine, de la politique des transports, de la fiscalité, ou de tout cela à la fois, il faut rappeler l'urgence de l'action. Ce n'est pas une question de précaution, comme avec les polluants aux effets encore mal caractérisés, mais de prévention. Parmi les facteurs sur lesquels la société peut agir, rares sont ceux qui causent des effets sanitaires d'une telle ampleur.

La lutte contre la pollution atmosphérique doit être poursuivie avec une efficacité similaire à celle de la lutte contre les accidents de la route, en y mettant des moyens en rapport avec son impact sanitaire. Cette efficacité doit être fondée sur une évaluation de l'impact des outils déployés. Modifier ceux-ci sans en tirer pleinement les enseignements n'est pas un gage de politique durable.

Rémy Slama, Denis Zmirou-Navier, Isabella Annesi-Maesano et William Dab, chercheurs

Rémy Slama, équipe d'épidémiologie environnementale de l'unité 823, Inserm et Université de Grenoble ;

Denis Zmirou-Navier, Université de Lorraine et Ecole des hautes études en santé publique, Inserm U1085-IRSET ;

Isabella Annesi-Maesano, équipe épidémiologie des maladies allergiques et respiratoires, UMR-S 707 Inserm et UPMC Sorbonne Universités ;

William Dab, Conservatoire national des arts et métiers, ancien directeur général de la santé.

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/11/15/luttons-tout-de-suite-contre-la-pollution-de-l-air_1790832_3232.html

 

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