PARIS (AFP) - Convaincre les populations d'accepter que le CO2 soit stocké sous leur pieds pour éviter qu'il ne réchauffe l'atmosphère : c'est l'un des enjeux identifiés mardi par des industriels français qui développent des prototypes de cette technique encore expérimentale.
"L'acceptabilité est un sujet important, très fort en Europe, et un sujet-clé, car la filière ne se fera pas si on ne résout pas cette question", a reconnu Gérard Moutet, directeur climat-énergie de Total, qui expérimente un tel procédé depuis janvier 2010 sur son site de Lacq (Pyrénées-Atlantiques).
"Il faut que le débat ait lieu, et, pour que ce débat ait lieu sur des bases concrètes, il faut faire des démonstrateurs", a-t-il insisté en marge d'une table ronde organisée à Paris par Enerpresse.
Dans le cadre de son projet "France-Nord", Total est en quête d'un site, dans le bassin géologique parisien, qui permettrait de stocker, d'ici 5 ans environ, des grandes quantités de CO2 dans des sous-sol très profonds et étanches.
Pour lutter contre le changement climatique, "le CCS (captage et stockage de CO2) n'est pas l'outil le moins bien placé", a souligné Jean-Pierre Birat, expert d'Arcelor Mittal, qui a présenté les projets du groupe sidérurgiste à Florange (Moselle) où un démonstrateur devrait être opérationnel en 2016.
En matière de recherche, les Etats-Unis, le Japon et l'Europe "sont en pointe", selon Hervé Quinquis, responsable du sujet à l'Institut français du pétrole/Energies nouvelles (IFPEN). Une vingtaine de projets de taille industrielle sont recensées en Europe, a-t-il précisé.
La filière "est à un stade de démonstration", a rappelé François Moisan, directeur exécutif de l'Ademe (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie), soulignant que cette technique n'est actuellement pas économiquement viable.
Selon le Global CCS Institute, un organisme qui promeut cette technique, plus de 230 projets d'expérimention de captage et/ou stockage du CO2 (CCS) étaient en cours ou en prévision à la fin 2010.
Jugée incontournable par certains dans le cadre de la lutte contre le réchauffement, cette technique est décriée par certaines ONG qui jugent qu'elle retarderait la transition vers des énergies propres.
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