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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 20:15

Extrait article de la lettre des adhérents du CNIID n° 38 décembre 2010- mars 2011

 

Eco-blanchiment : le monde merveilleux des déchets

 

L’éco-blanchiment, ou greenwashing, est une expression couramment utilisée. En effet, cette pratique, de plus en plus répandue, consiste pour une entreprise ou une organisation, à communiquer sur son activité en affirmant qu’elle participe à la protection de l’environnement alors que cela n’est pas vrai…..

Ainsi, si l’on se fie à la communication actuelle des grands groupes industriels présents sur le marché des déchets, on peut conclure que l’incinération est le dernier outil de pointe pour la lutte contre le changement climatique, une source d’énergie renouvelable, que les pollutions atmosphériques qu’elle engendre sont quasi inexistantes et sinon contrôlées et maitrisées, ou encore que les décharges sont totalement étanches et permettent une valorisation énergétique des déchets enfouis... Bienvenue dans le monde merveilleux des déchets.

Comment les industriels du déchet sont-ils tombés dans un pot de peinture verte ?

En jouant sur les mots : le virage sémantique de la valorisation énergétique

….

Or la communication des groupes consiste à mettre en avant cette démarche comme s’il s’agissait dorénavant d’une pratique courante dans le transport des déchets.

Le schéma du circuit des déchets (photos page précédente) figure dans la plaquette de présentation du groupe Véolia Propreté en Ile de France. L’image de la péniche est plus grande que celle du camion. La page suivante de la plaquette est entièrement consacrée aux transports doux par péniche. Une lecture rapide du document laisse penser que le transport fluvial est majoritaire : faux, puisque près de 85 % des déchets gérés par le groupe dans cette région empruntent la route.

Le principe est de créer une « vitrine » pour l’entreprise. Un autre exemple est celui de la communication opérée à propos du site d’enfouissement de déchets de Claye-Souilly en Seine et Marne, exploité par Véolia. Elle met systématiquement en avant l’unité de production de biogaz carburant qui permet d’alimenter quelques véhicules utilisés sur le site. Or c’est une très faible partie du biogaz émis par les déchets enfouis qui est ainsi valorisé, ce qui ne les empêche pas d’en faire leur leitmotiv. …..

En idéalisant l’image de leur activité : cachez ces déchets que je ne saurais voir

Dans sa plaquette de présentation (photo ci-dessous), Véolia Propreté Ile de France a choisi une image non représentative concernant l’incinération alors que les images pour figurer le tri et le compostage, traitements qui ont plutôt bonne presse, sont fidèles à la réalité de ces activités : pour ce groupe, incinération rime avec fleurs des champs…

A travers sa communication sur le site de Claye-Souilly, le groupe Véolia Propreté Ile de France a su transformer l’image de la plus grande décharge de France en un site d’excellence environnementale au service du développement durable. Une traduction s’impose. La décharge de Claye-Souilly accueille plus d’un million de tonnes de déchets par an. Moins de 5 % des déchets entrants sont triés sur le site en vue de leur recyclage, le reste est enfoui. A terme, 190 hectares d’anciennes terres agricoles de Brie seront couverts de déchets sur plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur. Les casiers d’enfouissement sont aménagés pour limiter la dispersion des lixiviats à travers la nappe phréatique à l’aide de matériaux à faible perméabilité (mais non nulle) et d’une membrane en plastique. Or la membrane de 2 mm en plastique Pehd n’a pas une durée de vie infinie. Ce sont donc des milliers de m3 de déchets qui sont laissés en héritage aux générations futures, constituant une source de pollution a retardement pour le sol et les eaux douces souterraines. Le Cniid était présent sur cette décharge lors d’un tournage pour une émission de télévision. Le directeur de la communication n’a pas apprécié que l’interview du Cniid soit réalisée devant un casier en cours de remplissage (photo ci-contre), arguant que le groupe cherche justement à se défaire de cette image… pourtant c’est la réalité !

Si Véolia souhaite « faire de nos déchets des ressources », comme l’assène son slogan, le Cniid répond que nous ne devons pas faire de nos ressources des déchets. N’oublions pas que les déchets ont un coût économique, environnemental et social. Les traitements actuels sont polluants et ne permettent pas de détruire les déchets. Le recyclage est essentiel mais il n’est pas la solution magique au problème des déchets. La plupart des matériaux ne peuvent être recyclés infiniment. La réduction s’impose pour préserver nos ressources et ne pas faire de notre planète une poubelle.

Hélène Bourges

Campagne Alternatives

 

Lien vers le document :http://www.cniid.org/espace_telechargement/CI/5821_Cniid_infos_38.pdf

 

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