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11 mars 2011 5 11 /03 /mars /2011 12:08

Paru sur le site Environnement :

Des microbes pour capturer et stocker le CO2 industriel

La PME belge Biomim-Greenloop a mis sur pied un projet européen de recherche visant à explorer la possibilité d’utiliser des réactions biologiques accélérées pour faciliter le captage et le stockage du carbone dans les industries à haute intensité énergétique.

Des milliards d’euros de fonds publics sont actuellement alloués à des projets de démonstration de captage et de stockage du carbone (CSC) dans toute l’Europe. Une solution biologique très peu énergivore permettant de concentrer le CO2 de façon à pouvoir le capturer et le stocker sous forme solide plutôt que sous forme de gaz volatil serait une innovation extrêmement utile.

Les plantes sont un exemple évident de mécanisme naturel de captage et de stockage du CO2. Mais elles ne sont pas les seuls ingénieurs que compte la nature. Certains animaux marins transforment le CO2 dissous dans l’eau en carbonates, dont ils se servent pour solidifier leur coquille. Les bactéries sont à l’origine de pas moins de 40 % des falaises calcaires du monde! Le projet innovant CO2SolStock étudie le procédé utilisé par les microbes pour produire des carbonates – en absorbant, ce faisant, le CO2 présent dans l’atmosphère – en vue de commercialiser cette découverte.

Ce projet, qui durera trois ans et bénéficie d’un financement de 3 millions d’euros au titre du septième programme-cadre européen (7e PC), a été lancé par l’entreprise bruxelloise Biomim-Greenloop en avril 2009. Cette jeune PME – fondée en 2006 – s’inspire de la nature pour aider ses clients à adopter des comportements plus durables.

Elle a créé le projet CO2SolStock en partenariat avec quatre universités, chacune d’entre elles étant spécialisée dans un domaine bien précis :

  • l’université d’Édimbourg – les habitats souterrains profonds;
  • l’université de Grenade – les bactéries calcifiantes en milieu salin;
  • l’université de Lausanne – les bactéries calcifiantes dans les sols tropicaux; et
  • l’université technologique de Delft – l’utilisation des microbes en ingénierie des procédés.

Le défi consiste à trouver des sources de calcium abondantes et peu onéreuses, ne provenant pas de la dissolution des carbonates, ne perturbant pas le bon fonctionnement des systèmes biologiques et capables de s’adapter aux besoins et au rythme de l’industrie : certains arbres africains et leurs bactéries sont capables de stocker jusqu’à 5 kg d’équivalent CO2 par an, tandis que d’autres bactéries du sol ont permis aux chercheurs de fixer 40 kg de CO2 en cinq heures.

Après avoir étudié les microbes dans leurs habitats naturels, les chercheurs tentent désormais de déterminer lesquels sont les plus efficaces en termes de séquestration de carbone, d’optimiser leurs capacités et de les utiliser dans deux projets pilotes industriels dans des secteurs tels que l’acier ou le papier. Les résultats finaux seront communiqués en mars 2012.

Les universités de Lausanne et de Neuchâtel (Suisse) avaient déjà mis en lumière la symbiose entre l’iroko – souvent appelé le «teck d’Afrique» – et certaines bactéries présentes dans un champignon, qui transforment le CO2 en calcaire et le séquestrent dans le sol, ce qui améliore sa fertilité. L’université de Grenade a sélectionné 20 bactéries calcifiantes présentes dans le milieu marin et étudie leur métabolisme.

Biomim-Greenloop affirme que, si le projet réussit, la législation européenne devra être adaptée de façon à inclure le calcium et les carbonates dans le bilan carbone des entreprises. Les sociétés dont les flux de déchets comprennent du carbone ou du calcium pourraient se retrouver dotées d’un nouveau produit très précieux. Ce projet pourrait également ouvrir des perspectives intéressantes dans le domaine des «biociments» – par exemple, des microbes capables de transformer le CO2 en carbonates pourraient être utilisés pour réparer les fissures dans la structure des bâtiments.

Pour de plus amples informations:

 

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