Paru dans le journal de l'environnement :
Le 22 juillet 2019 par Stéphanie Senet
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7ème sécheresse la plus forte dans l'Hexagone depuis 1958
VLDT
Alors qu’un nouvel épisode de canicule est attendu en France ce 22 juillet, 73 départements ont déjà restreint certains usages de l’eau, selon le site Propluvia du ministère de la transition écologique.
L’été sera chaud. La sécheresse actuelle, qui touche à la fois les sols, les cours d’eau et les nappes phréatiques, est particulièrement sévère dans la Creuse, de l’Allier à l’est du Cantal et en région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA). Globalement, elle a forcé 73 préfets de département à limiter certains usages de l’eau. A titre de comparaison, seuls 27 préfets avaient pris de telles mesures l’an dernier à la même époque.
27 DÉPARTEMENTS EN CRISE
Aujourd’hui, l’état de crise est décrété dans 27 départements (cf encadré). L’eau ne peut plus y être prélevée que pour les usages prioritaires: santé, sécurité civile, eau potable et salubrité. Les autres prélèvements, y compris agricoles, sont totalement interdits. Et cela devrait empirer dans les prochains jours.
Dans le rouge / L’état de crise est déclaré dans 27 départements : Allier, Charente, Cher, Côte d’Or, Creuse, Deux-Sèvres, Dordogne, Eure-et-Loir, Gers, Haute-Garonne, Ile-et-Vilaine, Indre, Indre-et-Loire, Loire-Atlantique, Loiret, Loir-et-Cher, Lot, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire, Nièvre, Puy-de-Dôme, Saône-et-Loire, Sarthe, Tarn, Tarn-et-Garonne, Vendée, et Vienne.
7E SÉCHERESSE LA PLUS FORTE DEPUIS 1958
Selon le bulletin hydrologique d’Eau France, le déficit pluviométrique est de 20% en moyenne en France depuis septembre 2018. Il atteint 50% dans la région PACA, dépasse 70% dans les Alpes-Maritimes et 90% dans le Var et la Corse. Les températures très élevées observées fin juin, associées à ce déficit de pluie, ont conduit à un assèchement remarquable des sols superficiels. C’est la septième sécheresse la plus forte en France depuis 1958 selon Météo France. Soit un évènement du même ordre que ceux de 1976 et 2003.
L’état des nappes souterraines le confirme. Plus de la moitié d’entre elles affichaient, à la mi-juin, un niveau inférieur à la normale, selon le bilan établi par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
UN MILLIARD D’EUROS D’AVANCES DE TRÉSORERIE
Du côté du gouvernement, le ministère de l’agriculture a annoncé une avance des aides de la PAC, qui pourrait représenter «un milliard d’euros de trésorerie» à la mi-octobre mais qui ne correspond pas à des fonds supplémentaires. La France demande à l’UE de verser à cette échéance 70% des aides contre 50% à la même époque.
DISPOSITIF DE CALAMITÉ
Seul le dispositif de calamité agricole, qui a permis de verser 196 M€ l’an dernier, sera de nouveau activé. Aucun montant n’a encore été précisé. Il sera débloqué à l’automne. «Nous devons aider les agriculteurs en difficulté à passer ce cap difficile, notamment pour ceux qui ont du mal à nourrir leurs bêtes ou utilisent déjà les stocks de foin qui devaient être gardés pour cet automne ou cet hiver», a déclaré le ministre de l’agriculture dans un entretien publié dans le Parisien.
FEU VERT AU FAUCHAGE
Autre aide d’urgence: Didier Guillaume a annoncé que neuf départements supplémentaires[1] –soit 24 au total en France- seraient concernés par la clause de force majeure «pour permettre aux éleveurs de faucher les jachères, pour pouvoir nourrir leurs animaux, car il n’y a tout simplement plus d’herbe dans les pâturages pour les alimenter». En temps normal, les sols auraient dû être laissés en jachère pour se reposer. «Avec les chambres d’agriculture, nous allons identifier ces jours-ci les ressources disponibles –foin ou paille excédentaire- afin d’organiser des flux de solidarité entre départements», a ajouté le ministre.
RETENUES D’EAU VERSUS TRANSITION AGRICOLE
Comme à chaque épisode de sécheresse, les agriculteurs réclament de nouvelles retenues d’eau. Le ministre de l’agriculture n’y est pas opposé, dans le cadre d’un projet de territoire concerté (cf rapport Bisch). Une cinquantaine de projets sont visés d’ici à 2022 et une centaine d’ici à 2027, selon la conclusion des Assises de l’eau. Quid des changements de pratiques culturales ? Didier Guillaume a seulement déclaré qu’il fallait «réfléchir en parallèle à la possible réorientation vers des cultures moins consommatrices d’eau». Une nécessité absolue selon les associations environnementales. «Nous puisons toujours plus dans nos stocks d’eau. Cette mauvaise gestion de nos ressources menace les futurs approvisionnements en eau et rend les écosystèmes beaucoup moins résilients au changement climatique», estime le WWF dans un communiqué publié ce 22 juillet. Aucune des mesures annoncées en conclusion des Assises de l’eau ne vise spécifiquement l’agriculture, alors qu’elle est responsable de près de la moitié des prélèvements sur le territoire.
[1] Cantal, Alpes de Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Loiret, Loir-et-Cher, Haute-Savoie, Jura, Nièvre et Haut-Rhin