Paru sur le site Claye-Souilly Découverte :
1917 : Le département de Seine et Marne dépossédé de ses rivières
Le département de Seine et Marne
dépossédé de ses rivières (1)
Extrait article paru dans le bulletin :
Les rivières de Provins vont êtres captées et dérivées vers Paris.
La question devant le Sénat séance du 1/3/1917
Les protestations de M.M. Gaston Menier et Regismanset (1)
Pour la protection des rivières de Seine et Marne
La ville de Paris est autorisée à déposséder le département de Seine et Marne de ses trois pittoresques rivières de la région de Provins, la Voulzie, le Durteint et le Dragon, dont les sources vont êtres captées et dérivées pour concourir à l’alimentation de la capitale en eau potable.
Ainsi en avait décidé la Chambre des Députés à sa séance du 4 octobre 1916 malgré la vive opposition de MM. Derveloy et Dumesnil, députés de Seine et Marne.
La question est venue en discussion le 1er mars 1917 au Sénat. Elle y a donné lieu à d’intéressants débats qu’on lira ci-après, dont la reproduction est empruntée au compte-rendu du Journal officiel.
La Haute Assemblée a, sans s’arrêter aux plus légitimes protestations des sénateurs seine et marnais, cédé à son tour aux arguments des représentants de la ville de Paris.
Solution regrettable à tous points de vue, comme M. Gaston Menier la surabondamment démontré dans un discours très documenté.
En effet, un prochain avenir prouvera que, du fait de l’accroissement progressif des quantités d’eau potable nécessaires à Paris, une autre solution s’impose tous les jours davantage ; elle consiste en la réalisation d’un vaste projet d’ensemble,assurant le débit quotidien de plus d’un million de mètres cubes d’eau à provenir des nappes souterraines des vals de la Loire, voire même des cours de la Seine et de la Marne : les progrès de la science ont permis de doter les eaux de rivières, par des procédés récents d’épuration, de filtration et de stérilisation dont M. Gaston Menier a cité maints exemples, d’une innocuité que ne possèdent pas toujours les eaux transportées des sources aux canalisations urbaines.
Il apparaît bien que c’est un résultat discutable, dans les cas insuffisant et précaire, et sans profit certain pour la santé publique de Paris, qu’une des plus verdoyantes régions de la Brie va se voir spoliée de ses éléments de prospérité.
Mais la partie était perdue d’avance dans cette lutte du plus faible contre le plus fort.
Une proposition d’attente, soutenue par M. Le Sénateur Regismanset, tendait à envoyer l’examen de la question après les hostilités, c’est-à-dire à une époque où la ville de Paris devra arrêter le programme des grands travaux qu’elle aura à entreprendre à la fin de la guerre. Cette sage proposition elle-même n’a pas prévalu.
De sorte que les intérêts, encore mal compris, de la ville de Paris l’emportent sur ceux, pourtant si respectables des populations briardes.
Quoi qu’il soit, il faut espérer que ce sera le dernier appel fait aux rivières de la grande banlieue parisienne, de Seine et Marne en particulier, et que Paris finira par résoudre bientôt le gros problème de son alimentation sans plus détourner à son usage, les uns après les autres, les cours d’eau qui sont la richesse naturelle des départements voisins de la capitale.
Mars 1917
(1) Source : Médiathèque de Meaux
Biographie de Monsieur Derveloy qui fut conseiller général du Canton de Claye-Souilly :
http://www.claye-souilly-decouverte.com/article-23775052.html