LE MONDE | 01.10.2015 à 10h04 • Mis à jour le 01.10.2015 à 12h13 | Par Stéphane Foucart et Pascale Santi
Les substances chimiques auxquelles les populations sont quotidiennement exposées ont des effets sur la santé de plus en plus manifestes. C’est le sens de l’alerte publiée jeudi 1er octobre dans l’International Journal of Gynecology and Obstetrics par la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique (FIGO). Elle met en avant la responsabilité de certains polluants de l’environnement dans les troubles de la fertilité et souligne l’urgence d’agir pour réduire l’exposition aux pesticides, aux polluants atmosphériques, aux plastiques alimentaires (bisphénol A, phtalates…), aux solvants, etc.
C’est la première fois qu’une organisation regroupant des spécialistes de santé reproductive s’exprime sur les effets délétères de ces polluants, présents dans la chaîne alimentaire et dans l’environnement professionnel ou domestique. Un appel soutenu par des ONG dont Women in Europe for a Common Future (WECF) et Health & Environment Alliance (Heal).
La prise de position de la FIGO — qui regroupe 125 sociétés nationales de gynécologie et d’obstétrique — rejoint celle, publiée deux jours plus tôt, de l’Endocrine Society. Pour cette société savante, qui rassemble 18 000 chercheurs et cliniciens spécialisés dans l’étude du système hormonal, l’exposition aux polluants de l’environnement est aussi en cause dans plusieurs maladies émergentes : diabète de type 2, obésité, cancers hormonodépendants (sein, prostate, thyroïde) et troubles neuro-comportementaux (troubles de l’attention, hyperactivité, etc.).
Constat préoccupant
Après la publication, en 2012, du rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), ces deux nouvelles publications creusent un peu plus le fossé qui sépare l’état des connaissances et celui de la réglementation. Celle-ci ne reconnaît toujours pas l’existence de certaines substances – dites « perturbateurs endocriniens » – capables d’interférer avec le système hormonal et d’agir à des niveaux d’exposition très faibles, inférieurs aux seuils réglementaires. « Près de 800 substances chimiques environnementales sont connues ou suspectées d’interférer avec les récepteurs hormonaux, la synthèse ou la conversion des hormones », soulignait déjà, en 2012, le rapport de l’OMS et du PNUE.
« L’exposition à des produits chimiques toxiques au cours de la grossesse ou l’allaitement est ubiquitaire », note la FIGO, qui s’inquiète de ce qu’« aux Etats-Unis, une femme enceinte serait en moyenne contaminée par au moins 43 substances chimiques différentes ».
« On trouve la trace de polluants organiques persistants [POP]) chez des femmes enceintes et allaitantes dans le monde entier, ajoute la FIGO. L’Institut national américain du cancer se dit préoccupé par le fait que les bébés naissent en quelque sorte “prépollués”. »........
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